LapremiÚre chronique écrite par Paul Léautaud, sous le pseudo de Maurice Boissard, dans la NRF, fut un éloge de Guitry. Sacha. C'était dans les années 20.
Marcel Zannini, 28 juin 2017 Marcel Zannini, dit Marcel Zanini, est un musicien de jazz saxophone tĂ©nor, clarinette, chant nĂ© le 7 septembre 1923 Ă Constantinople Empire ottoman. Sommaire 1 Lien avec Marc-Ădouard Nabe 2 Citations Marcel sur Nabe Nabe sur Marcel 3 IntĂ©gration littĂ©raire 4 Notes et rĂ©fĂ©rences Lien avec Marc-Ădouard Nabe Marcel Zannini est le pĂšre de Marc-Ădouard Nabe, conçu Ă New York, oĂč Marcel et sa femme Suzanne vivaient entre 1954 et 1958. Ă cette pĂ©riode, Marcel travaille dans une boutique dâanches et rencontre de grands musiciens de jazz, dont John Coltrane, Charlie Parker et Billie Holiday. En mars 1955, Zanini prend les derniĂšres photos de Charlie Parker jouant au Birdland avec Bud Powell, Charles Mingus et Art Blakey. De retour en France en 1958 pour la naissance dâAlain Zannini, il continue sa vie de chef dâorchestre Ă Marseille puis, en montant Ă Paris, connaĂźt un succĂšs fulgurant en janvier 1970 avec Tu veux ou tu veux pas ?, avant que Brigitte Bardot nâenregistre sa propre version du titre. Zanini fera profiter au futur Nabe de sa pĂ©nĂ©tration du monde du showbiz aprĂšs son tube », ce qui permettra Ă lâĂ©crivain Ă venir dâemmagasiner tout un tas de connaissances du milieu du music-hall et de la chanson française. Zanini intĂšgrera son fils dans diffĂ©rentes Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision ainsi que des sĂ©ances photos. Zanini et les camarades de classe dâAlain, tous portant un masque de son pĂšre, sauf un... Boulogne-Billancourt, 1971 Amateur de peinture Matisse, Modigliani, LĂ©ger.., Zanini est surtout un passionnĂ© de Picasso dont il a transmis le goĂ»t trĂšs tĂŽt Ă son fils. En littĂ©rature, totalement autodidacte, Zanini sera un lecteur de Montherlant, Giraudoux, Pirandello, Wilde et Tchekhov... Mais câest surtout CĂ©line qui domine totalement sa culture ». Et câest bien sĂ»r grĂące Ă Zanini que Nabe lira lâauteur de Rigodon. Musicalement, ayant fait baigner le futur Nabe dans le jazz avant mĂȘme sa naissance, il a encouragĂ© et suivi le parcours instrumental de son fils, passĂ© du piano au trombone, du trombone Ă la batterie, et de la batterie Ă la guitare. Le pĂšre engagera le fils dans son orchestre dĂšs lâĂąge de 17 ans, ce qui permettra Ă Nabe de pratiquer la guitare, de cĂŽtoyer les musiciens et dâapprofondir sa connaissance du jazz de lâintĂ©rieur avec notamment Sam Woodyard et François Rilhac.... Pendant des dĂ©cennies, bien des aventures pas toutes racontĂ©es encore dans les livres de Marc-Ădouard Nabe ont eu lieu entre les deux personnages. Le Zanine », comme lâappelle Nabe dans son Ćuvre, a fait dâabord lâobjet de tout un chapitre du RĂ©gal, TempĂȘte sous une moumoute », et a plus largement une place particuliĂšre dans toute lâĆuvre de lâĂ©crivain les journaux intimes surtout. Zannini est transposĂ©, sans nom, en clown dans Le Bonheur 1988[1] et en aveugle dans Je suis mort 1998[2]. Il apparaĂźt, Ă lâĂąge de 92 ans, plusieurs Ă©pisodes de la sĂ©rie des Ăclats de Nabe » en 2015. Citations Marcel sur Nabe Fais gaffe... » La VĂ©ritĂ© n°3, janvier 2004 Nabe sur Marcel Lundi 29 aoĂ»t [1983]. - Deux jours aprĂšs Lester, c'est au tour de Parker dâavoir pu avoir soixante-trois ans ! Un jeune retraitĂ© qui soufflerait ses bougies Ă la mitrailleuse ! Cette commĂ©moration intime est lâoccasion pour le Zanine de ressortir ses souvenirs dâAmĂ©rique que je connais par cĆur et qui me ravissent toujours. Pour mon pĂšre, la vie est une extase. Et lâart en est le seul responsable toutes les misĂšres sont sans importance pour un artiste. L'artiste amateur ou crĂ©ateur est sauvĂ© dâavance parce quâil a la chance dâapprĂ©cier les choses de la beautĂ©. La Nature lui a donnĂ© ce sens alors quâelle le refuse Ă bien dâautres, qui nâont pas plus de raison de vivre que de mourir. LArt, pour Marcel, rend futile la pire des agonies. LâArt, cest la libertĂ© en soi, pour toujours. La plus fantastique machine d'exaltation et de bien-ĂȘtre câest le plus beau des remĂšdes. Je suis loin de cette idĂ©e, inutile de le dire. Câest une conception de musicien. » Nabeâs Dream, 1991, p. 83 Samedi 8 octobre [1983]. â 21 ». ArchibourrĂ© Ă craquer. Les gens attendent dehors pour descendre Ă©couter Grif. Je suis devenu le prince ici. Un oiseau dans la jungle. Marcel arrive. Il mâapporte des affaires propres. Je vais dans les chiottes me mettre en costume noir et nous Ă©changeons nos cravates. Je passe par cĆur en Aristide Bruant morbide. La foule sâaccroĂźt. Charlie a le tiroir-caisse qui fait des sauts pĂ©rilleux arriĂšre. Slim Gaillard est encore lĂ , nous plaisantons ensemble. Au deuxiĂšme set, mon pĂšre, mort de peur, est invitĂ© par Griffin pour une jam. Les gens hurlent de joie. Ils attaquent Just friends et trĂšs gentiment Grif laisse le Zanine dĂ©vider ses chorus mal assurĂ©s mais pleins de son. Tout cela est vidĂ©ofilmĂ©. AprĂšs le triomphe, le petit gĂ©ant insiste pour que Marcel continue. Beaucoup plus dĂ©contractĂ©, il se lance alors dans un blues en sol formidable oĂč la rythmique tourne comme une table hantĂ©e. Câest lâhystĂ©rie dans le club. LĂ papa joue vraiment trĂšs bien. Beau dĂ©coupage lesterien, bonne mise en place, bonne anche. Je crois rĂȘver. Le fils mettant le pĂšre sur un coup ! Jouer avec Griffin a certainement Ă©mu profondĂ©ment Marcel. C'est une de mes rares satisfactions depuis plus de deux mois. Slim le fĂ©licite aussi sur son mĂ©lange de Lester et de Byas. Ăa vibre pour le petit pĂšre. Baume. » Nabeâs Dream, 1991, pp. 133-134 Mardi 1er novembre [1983]. â Marcel drague au restaurant un cageot immonde comme lui seul en a le goĂ»t. Jâai honte dâarriver au Petit Journal avec une telle fille. Câest sa spĂ©cialitĂ© ! DĂšs quâil y a une belle femme, il fait le timide ; les ailes ne lui poussent que lorsquâune caisse est assez tordue pour mordre Ă ses minauderies ridicules de crooner vieillot. » Nabeâs Dream, 1991, p. 156 Samedi 7 janvier [1984]. - Bonne discussion avec mon pĂšre au sujet de Mesdames, Messieurs quâil trouve un peu trop aigri. Je suis comme le prince de ce conte qui fit pendre le peintre de son royaume parce quâil montrait dans ses tableaux une trop belle vision du monde. Ce sont les enfances trĂšs heureuses qui font les malheureux jâen suis sĂ»r... Le Zanine trĂšs en verve me parle de lâart et de sa stagnation universelle, de lâhistoire du jazz, de lâoreille faussĂ©e de la jeunesse pernicieusement humiliĂ©e par le boum-boum de la nouvelle musique populaire le rock, des thĂšmes dĂ©modĂ©s de Parker si câest pas lui qui les joue, des bienfaits artistiques des guerres, du trio du siĂšcle Parker-Picasso-CĂ©line, et de l'espĂ©rance de nouveaux messies quĂ se font attendre... Nabeâs Dream, 1991, p. 213 Mercredi 25 janvier [1984]. â De retour de province, Marcel ramĂšne de trĂšs vieux et prĂ©cieux 78 tours que la veuve dâun vieil ami lui a confiĂ©s. Nous Ă©coutons religieusement ces reliques Ă©raillĂ©es de concerts marseillais des annĂ©es 50 oĂč Marcel, Arvanitas, LĂ©o Missir et Jean-Pierre accompagnent Don Byas ! Ils n'avaient peur de rien ! Allenâs alley ; Robinâs Nest, en pleine fraĂźcheur ! Zanine Band and Byas !... Quels souvenirs ! Ils avaient tous dans l'orchestre douze mois dâinstruments dans les doigts. Marcel a bien gardĂ© sa sonoritĂ© on dirait Zoot Sims sur certains sillons il perd un peu les pĂ©dales dans les tempos rapides... These foolish things, How high the moon, Whispering, All the things you are sont encore Ă©tayĂ©s dâarrangements un peu prĂ©somptueux... Câest le bop de la pĂ©tanque ! Les grands moments sont les tonitruantes entrĂ©es de Don Carlos, ses cascades lyriques sous les ponts des anatoles, et une belle version touffue de la dĂ©chirante Laura ! Je lis Ă pleine voix les arrangements de postures du cher DolmancĂ© ! Ma mĂšre se bouche les oreilles pendant que Marcel sâĂ©croule de rire ça marche, comme sur Jean-Pierre... Tous les hommes doivent rire, câest le test, le test dâhumour! Les femmes ne peuvent pas rire de Sade, d'abord parce quâelles nâont ni humour ni imagination, et surtout parce qu elles ne peuvent pas jouir. » Nabeâs Dream, 1991, p. 237 Vendredi 24 fĂ©vrier [1984]. â Je rĂ©cupĂšre Rubis que javais demandĂ© Ă Marcel de mâapporter pour Henric. En nous ramenant en voiture, il mâavoue quâil a lu les premiĂšres pages, sâautorisant un droit que je lui ai toujours refusĂ© ! Et c'est lui qui crie au scandale. Il a apprĂ©ciĂ© le dĂ©but de lâaventure, mais a dĂ» sâarrĂȘter net, dĂ©goĂ»tĂ© et rebutĂ© par ma stance au sujet de StĂ©phane Grappelli, anodine griffure qui rĂ©prouve violemment âTrĂšs bon musicien de cafâ concâ, mais pas de jazz. Il a gĂąchĂ© tous les enregistrements de Django Reinhardt ! Je ne peux pas le supporter avec ses chemises bariolĂ©es "ça-va-avec-tous-les-repas" et ses envolĂ©es pompelardes de prĂ©cieuse ridicule ! Heureusement, il n'en a plus pour longtemps son violon sent le sapin.â â Câest la Diffamation qui tâattend ! EnlĂšve ça ! C'est une honte ! Son violon sent le sapin... Tu ne te rends pas compte ! me lance-t-il en dĂ©marrant. HilaritĂ© dâHĂ©lĂšne, Est-ce ma faute Ă moi si je prĂ©fĂšre Ray Nance ? » Nabeâs Dream, 1991, p. 291 Au dĂ©but, on peut croire Ă une absence, une distraction gĂ©nĂ©rale comme ça qui se pose sur sa frĂ©quence de rĂ©alitĂ©, par trous divers, par brouillages ainsi, mais bien vite on voit quâil sâagit dâune fuite, dâun refus voulu depuis si longtemps quâil ne le maĂźtrise mĂȘme plus. DĂšs que vous lui adressez la parole, il se dĂ©branche. Au bout, de deux secondes, il nây a plus dâyeux, vous le voyez chavirer, câest fini. Il a les yeux qui ne vont pas avec le regard. Câest instinctif chez lui Ă peine quelquâun lui parle quâil se dĂ©connecte, il enlĂšve une prise en lui, il se met dans une incapacitĂ© dâĂ©couter, de comprendre, de rĂ©agir Ă ce quâon lui dit qui le protĂšge de tout. Quelle merveilleuse technique ! Mon pĂšre ne se fait pas chier dans lâexistence. Ce que les autres disent ne lâintĂ©resse absolument pas il connaĂźt dâavance. Seule le rassemble la musique le reste, ça le laisse sâenvoler, sâĂ©parpiller, sâeffilocher filandreusement dans lâatmosphĂšre comme une blanquette mentale... Câest quelque chose qui donne la chair de poule. Ă peine on commence Ă parler, il sâĂ©teint. Il ne faut pas essayer de lui faire comprendre, le persuader, le convaincre, encore moins lui raconter quelque chose les rĂ©cits, câest physique, il dĂ©croche immĂ©diatement, vertigineusement... Byzance, câest un homme qui ne participe Ă rien de la vie. Il nâĂ©coute pas. Il ne voit rien. Câest lâinattentif par excellence. Il ne fait mĂȘme pas semblant dâĂ©couter. Il fuit en courant devant le moindre effort. On dirait Ă voir sa mine Ă©ternellement sinistre quâil est plein de soucis. Il se demande simplement comment gagner sa vie le lendemain. Nous avons toujours vĂ©cu vraiment au jour le jour. Il a la chance de gagner sa vie avec sa clarinette, car il fait partie de ces types â jâen suis un atroce autre plus dĂ©cidĂ©, plus butĂ©, plus ingrat â qui sont incapables dâautre chose. Miraculeusement, depuis quarante ans, il ne sâest jamais arrĂȘtĂ©. Il nây a jamais eu de problĂšme dâargent chez nous quand Byzance revient dâune gĂąche, il balance les liasses sur la table chacun se sert ma mĂšre est la reine de la gĂ©rance, sans elle on serait sous le pont de lâAlma... On prend les miettes qui restent, de quoi acheter un disque de Miles ou la PlĂ©iade de VallĂšs ! ... Câest ça le plus beau tout infirme mental quâil est, il reste encore le plus lucratif, le plus utile, le plus populaire et le plus disponible. Câest quâil se rĂ©gale, rĂ©solument. Proportionnellement Ă lâangoisse nausĂ©euse de la vie, de tous les ĂȘtres humains qui essaient de sâen sortir on se demande pour entrer oĂč ?, câest mon pĂšre qui sâamuse le plus. Avec sa clarinette il oublierait tout sâil avait encore quelque chose Ă oublier mais tout a Ă©tĂ© oubliĂ© dâavance. DĂšs quâil souffle, il ne pense plus Ă rien. Et quand il ne joue pas, il ne pense quâĂ une chose Vivement que je joue pour ne penser Ă rien. » Il ne se passe plus rien dans sa tĂȘte quand il souffle ses notes dâĂ©bĂšne dâune dĂ©licatesse quasi rĂ©pugnante. Il est arrivĂ© Ă vivre de sa clarinette, câest-Ă -dire quâon le paie pour ne penser Ă rien ! De plus, il est plus viril que moi. A la fois pratique et fou. Il ne comprend rien et oublie tout, il ne peut pas aligner deux phrases, ni raconter quelque chose, il distrairait la Distraction elle-mĂȘme, il est excessivement dĂ©tachĂ© de certaines contingences torrides, et par-dessus tout ça, il arbore un bon sens insupportable, une logique dâune mauvaise foi rĂ©voltante, un raisonnement dâun fonctionnel et dâune impeccable cohĂ©rence il peut rĂ©soudre tous les problĂšmes dâordre pratique, maĂźtriser les lieux et les dates, les croisements et les rendez-vous câest son plaisir. Il est passionnĂ© par les horaires, par exemple des journĂ©es entiĂšres il travaille comme un savant fou à ça, les gens viennent lui demander des conseils sur leurs ennuis de trains, dâavions, comment faire correspondre les changements, le chemin le plus rationnel, la meilleure heure pour les bouchons... Pour la fĂȘte des soi-disant pĂšres, je lui ai offert les Ćuvres complĂštes de la et dâAir Inter avec les vols bleus et tout ! huit volumes... ... Mon pĂšre, câest quand mĂȘme un monde. Câest un cas de force majeure. Sa tĂȘte Ă la Edgar Poe, tragique et engloutie, emmerdĂ©e de soucis Ă©nigmatiques, est lâune des choses qui me font le plus rire au monde. DĂšs que je le vois, je vais mieux. Dans quelque Ă©tat oĂč je me trouve, dĂšs quâil mâapparaĂźt jâai un rire nerveux qui me pince le cĆur. Sa philosophie roublarde dâodieux dĂ©tachement est si clairement affichĂ©e, que je suis heureux dâavance des catastrophes, des agacements, des malentendus et des dĂ©routes quâelle va provoquer. Quand il y a des soirĂ©es, on nous met aux deux bouts de la table, surtout pas ensemble sinon on dĂ©noue nos codes, on se fait rire, on dĂ©conne trop ça vous casse un dĂźner ! Byzance nâa pas de vie intĂ©rieure. Il nâa aucun problĂšme psychologique. Il a une vie parallĂšle qui suit son cours, imperturbable et majestueuse de dĂ©tachement complet, totalement Ă cĂŽtĂ© de ce qui se passe, Ă chaque instant. Il est dĂ©courageant. ... Byzance, qui peut ĂȘtre le type le plus drĂŽle du monde, retombe entre deux traits dâesprit dans lâabrutissement sinistre dâun inspecteur de la RĂ©pression des fraudes. Il est trĂšs bon dans les mots courts. Câest pas un long conteur, encore moins un âfoisonnantâ il sâĂ©puise vite, il digresse, il se perd dans les relatives et les conjonctions surtout dĂšs quâil fait attention Ă sa propre subtilitĂ©, ça lâĂ©meut, il perd le fil. Ariane elle-mĂȘme, lasse de le voir hĂ©siter, se saque vite au loin, hop ! Câest pas un lyrique mon pĂšre, pas du tout câest pas un descriptif. Incapable de dresser un dĂ©cor, des personnages, de jouer avec son pouvoir dâĂ©vocation, de composer ses nuances. ZĂ©ro. Aucun goĂ»t non plus de la mĂ©taphore ou du lieu commun comme ma mĂšre. Câest le roi de la remarque piquante recouverte dâune tonne de sucre, et qui fait mouche. Loukoums empoisonnĂ©s ! Je nâai jamais vu quelquâun remarquer Ă quel point ses petits mots pseudo-anodins peuvent ĂȘtre blessants. Parce quâil ne faut pas croire trop fainĂ©ant pour ĂȘtre mĂ©chant, mon pĂšre nâa pas moins en lui une sorte de mĂ©pris dĂ©guisĂ© en humilitĂ©, un orgueil naĂŻf, une certitude dâavoir raison, pas du tout affichĂ©e, et enrobĂ©e lĂąchement par une gentillesse trĂšs lĂ©gĂšrement Ă©cĆurante par laquelle il se rĂ©concilie pour un cĂŽtĂ© Ă la crouillasserie de sa nature ! Ăa lui suffit pour ne plus douter de sa âviolenceâ. Il a une maniĂšre de virilitĂ© de la sympathie, et il dit des choses Ă©normes qui passent trĂšs bien. Vexer Ă cĂŽtĂ© de la plaque lui suffit pour se sentir fort, non enculĂ© par le monde. TempĂȘte sous une moumoute, LâĂtre au pair », Au rĂ©gal des vermines, 2012 1985, pp. 185-187 + 191 + 192-193 Mardi 26 mars 1985. â SĂ©ance dâenregistrement du quatriĂšme trente-trois tours de Marcel. Le jour nâest pas trĂšs bien choisi. Le quartet revient dâune semaine harassante. Sam est une momie, lente et bougonne. Chebel a baisĂ© toute la nuit sa basse sur sur les genoux... Rilhac et moi, on sâoccupe Ă peine de monter ses caisses que Sam est dĂ©jĂ au bar du coin Ă sâenwhiskycocaliser... Pourtant il ne sâenivre pas ce sont les alcools qui sâenivrent de lui. Il sâen pare. Ils sont ses eaux de Cologne. Câest le type qui va au bistro fĂȘter la fin de sa cure de dĂ©sintoxication. AprĂšs chaque morceau il traverse la rue et rĂ©apparaĂźt un peu plus titubant aprĂšs une demi-heure dâabsence. Les nerfs de Marcel hĂ©sitent un peu Ă lĂącher, puis ma bonne humeur et mes sarcasmes parviennent Ă les retendre, les rĂ©accorder Ă la situation il Ă©tait un peu bas quand mĂȘme, comme son barillet... Sam nâest pas seul fautif Marcel a une conception dĂ©testable de la maniĂšre dâenregistrer un disque nâayant absolument rien prĂ©parĂ©, il en fait un bĆuf plus filandreux encore que les autres, une espĂšce de concert pour personne. Un live mort... Lâambiance du studio pĂ©trifie toute spontanĂ©itĂ©. De la musiquette en bocal. Pris Ă froid vers les 14 heures, nous sommes lĂ pour jouer les Ă©ternels mĂȘmes thĂšmes ! Ce nâest pas trĂšs stimulant. Sam lâa bien senti qui sâacharne sur lâabsurditĂ© de rĂ©pĂ©ter et dâaccumuler les prises de Rosetta ou de My Buddy !!! Finalement, mon pĂšre est, par sa paresse, son indĂ©cision, son bordel interne et sa sinistre routine, un grand explorateur de la grĂące rarement mieux que lĂ , je me rends compte que câest lui qui prend le plus de risques, qui donnant Ă lâimprovisation tout son sens suicidaire. Ce ne sera pas un bon disque, mais il faut se mĂ©fier avec le Zanine, on ne sait jamais il y a des Ă©quilibres que le funambule ne trouve quâen tombant. » Tohu-Bohu, 1993, p. 952 CâĂ©tait le 7 septembre. Jâavais choisi ce jour-lĂ pour mâĂ©vanouir dans lâatmosphĂšre car câĂ©tait lâanniversaire de mon pĂšre. Quel plus beau cadeau aurais-je pu lui faire que celui de ma disparition ? âTu reviendras dans deux semaines, prophĂ©tisa-t-il stupidement comme pour masquer son futur manque de moi. Câest comme quand tu meurs, on te pleure trois jours, puis on tâoublie. Regarde-moi, si je mourais, tu ne pleurerais pas six mois !â Je laissai papa Ă ses soixante-dix-sept ans. âDĂ©sormais, je ne pourrai plus lire Tintin...â Et câest dans cette derniĂšre phrase que mon pĂšre, qui sâappelait Marcel, mit toute la mĂ©lancolique ironie dont il avait Ă©tĂ© incapable pour commenter mes adieux. » Alain Zannini, 2002, p. 12 IntĂ©gration littĂ©raire Au rĂ©gal des vermines 1985 LâĂme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 Nabeâs Dream 1991 Tohu-Bohu 1993 InchâAllah 1996 Je suis mort 1998 Coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau 1999 Kamikaze 2000 Alain Zannini 2002 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 Les Porcs tome 1 2017 Patience 3 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Notes et rĂ©fĂ©rences â Marc-Ădouard Nabe, Chapitre XXIII âPapa, ta mĂšre est morte !â », Le Bonheur, DenoĂ«l, 1988, pp. 413-430. â Marc-Ădouard Nabe, Je suis mort, Gallimard, 1998, pp. 80-84. v mMarc-Ădouard Nabe Livres Au rĂ©gal des vermines 1985 Zigzags 1986 Chacun mes goĂ»ts 1986 LâĂme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 La Marseillaise 1989 Nabeâs Dream 1991 Rideau 1992 Visage de Turc en pleurs 1992 LâĂge du Christ 1992 Petits Riens sur presque tout 1992 Nuage 1993 Tohu-Bohu 1993 Lucette 1995 InchâAllah 1996 Je suis mort 1998 Oui 1998 Non 1998 Loin des fleurs 1998 et autres contes 1999 Coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau 1999 Kamikaze 2000 Une lueur dâespoir 2001 Alain Zannini 2002 Printemps de feu 2003 Jâenfonce le clou 2004 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 LâHomme qui arrĂȘta dâĂ©crire 2010 LâEnculĂ© 2011 Les Porcs, tome 1 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Les Porcs, tome 2 2020 Presse LâĂternitĂ© 1997 La VĂ©ritĂ© 2003 - 2004 Patience 2014 - ... Nabeâs News 2017 - ... Tracts Zidane la racaille 24 juillet 2006 Les Pieds-blancs 24 octobre 2006 Et Littell niqua Angot 23 novembre 2006 ReprĂ©sente-toi 1er mars 2007 La Bombe de DamoclĂšs 31 octobre 2007 Le ridicule tue 15 avril 2008 Sauver SinĂ© 20 septembre 2008 Enfin nĂšgre ! 20 janvier 2009 Textes non repris en volume La jambe 1986 Le courage de la fraĂźcheur 1996 La jungle de Bernstein 1997 Les tournesols de Dovjenko printemps 2000 Celui qui a dit merdre mai 2000 Mon meilleur ami juin 2000 Anthony Braxton Ă lâinstant mĂȘme juillet 2000 La mort de Polac automne 2000 LâathlĂšte de la larme 2001 Le Klaxon du fanfaron mars 2003 Le flou Baumann octobre 2003 Glauque Story novembre 2003 Je ne faisais pas bander Chanal novembre 2003 En 2003, le cinĂ©ma est mort dĂ©cembre 2003 LâOiseau de Dieu mars 2005 Le temps de voir et dâaimer Sirk octobre 2005 Le HuitiĂšme ciel dĂ©cembre 2005 Le vingt-septiĂšme Chorus juillet 2006 Pastorius Ă mort septembre 2007 Le cauchemar Duvivier mars 2010 LâEunuque raide printemps 2014 Sur Nabe LâAffaire Zannini 2003 Morceaux choisis 2006 Personnages Georges Ibrahim Abdallah Albert Algoud François Angelier Christine Angot Thierry Ardisson Paco Balabanov Bernard Barrault Jean-Dominique Bauby Guy Bedos Nicolas Bedos FrĂ©dĂ©ric Beigbeder Georges-Marc Benamou Pierre BĂ©nichou Jackie Berroyer Jean-Paul Bertrand Patrick Besson Paul-Ăric Blanrue François Boisrond Laurent Bosc GĂ©rard Bourgadier Anthony Braxton Lisa Bresner Renaud Camus Bertrand Cantat Carlos Catsap RenĂ© Caumer François Cavanna Pierre Chanal Jacques Chancel Professeur Choron Kenny Clarke Pierre ClĂ©menti Thomas Codaccioni Daniel Cohn-Bendit Lucien Combelle Marc Dachy Maurice G. Dantec Guy Debord
Choixdifficile.En 2002, Lucien, le pĂšre de Franck Dubosc atteint de la maladie de Charcot, a fait le choix d'ĂȘtre euthanasiĂ© comme l'a expliquĂ© Nathalie Levy dans En ApartĂ©. "Un jour, votre maman vous a appelĂ© et vous a dit :'Papa meurt mardi, es-tu d'accord ?'", a racontĂ© la journaliste."Il fallait que je donne mon accord ()Il avait besoin de mon accord, c'est trĂšs
11 LE VEILLEUR DE NUIT PiĂšce en trois actes, créée le 2 fĂ©vrier 1911 au théùtre Michel avec pour interprĂštes Madeleine Dolley, Harry Baur, Charlotte LysĂšs, Sacha Guitry, Rose Grane, Mme VerniĂšres, Mme Charmoy, Miss Bennett, Mr. Pradj, Mr. Cornely, Mr. Davry. Analyse Un professeur dâun certain Ăąge avait pour maĂźtresse une trĂšs jeune et jolie demoiselle. Cette derniĂšre tomba bientĂŽt amoureuse dâun garçon de son Ăąge, charmant mais impĂ©cunieux. Jalousie mise Ă part le quinquagĂ©naire les prit tout les deux en charge, et sembla trĂšs heureux; Je suis content de moi parce que je ne souffre pas de voir sâaimer les autres... ». 1 Critiques Lâauditoire de la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale Ă©tait trĂšs favorablement disposĂ©. M. Sacha Guitry plaĂźt infiniment Ă ce public il lui plaĂźt par ses qualitĂ©s , un peu par ses dĂ©fauts, par ce quâil y a en lui , de brillant, dâironique, de gamin, dâeffrontĂ©, par son laissez â aller, sa belle humeur, son extrĂȘme libertĂ©, son irrĂ©vĂ©rence, , son allure dâenfant gĂątĂ© Ă qui tout est permis, mĂȘme dâoutrepasser lĂ©gĂšrement les limites du bon goĂ»t..... Les personnages de Veilleur de nuit sont criants de ressemblance ». Nous les avons vus. Nous sommes sĂ»rs quâils existent... ». Adolphe Brisson Le Temps Quand on parle de ce jeune Ă©crivain, on ne manque point de dĂ©clarer quâil a de trĂšs beaux dons et que sâil consent Ă travailler, il pourra bien, un jour, faire un bon ouvrage. Il ne faut pas oublier cependant que M. Sacha Guitry a dĂ©jĂ remportĂ© les succĂšs les plus vifs et les plus flatteurs ». M. NoziĂšre LâIntransigeant Durant les trois actes de cette amusante et gaillarde piĂšce , nous avons pu constater que M. Sacha Guitry est douĂ© dâun sens du comique, tout âĂ - fait personnel et original. ... Il y a chez M. Sacha Guitry une sorte dâexubĂ©rance dâentrain et dâespiĂšglerie ». Henri de RĂ©gnier de lâAcadĂ©mie Française Journal des DĂ©bats Je ne saurais assez dire combien Le Veilleur de nuit mâa plu. Je suis reconnaissant Ă Guitry du bon moment quâil mâa offert. Des piĂšces comme celle-lĂ nous consolent de ce que les théùtres nous font quelquefois avaler de douteux et dâavariĂ©. Et il y a des pĂ©riodes oĂč nous avons besoin de compensations ! La comĂ©die nouvelle de Guitry se recommande par ses qualitĂ©s de meilleur aloi, elle a de la gaĂźtĂ©, de lâexubĂ©rance , de lâentrain, de lâĂ©motion, de lâironie ; un ton de fantaisie espiĂšgle et primesautiĂšre lâanime. Elle a la dĂ©sinvolture et lâaudacieuse assurance de la jeunesse ... On sâabandonne au charme de sa sĂ©duction, sans prendre garde tout de suite quâon est , par-ci par-lĂ , lĂ©gĂšrement mystifiĂ© ! ». Joseph Galtier Excelsior Il y a dans lâĆuvre de M. Sacha Guitry un mĂ©lange, Ă doses inĂ©gales, de gaminerie, un peu volontairement entretenue et dâexpĂ©rience prĂ©coce de la vie. Il y a du comique et mĂȘme du bouffon, avec une facilitĂ© soudaine Ă envisager les choses sous leur aspect sĂ©rieux et presque Ă©mouvant. Il y par-dessus, et câest peut-ĂȘtre au fond ce qui le caractĂ©rise, je ne dirai pas du naturel, mais de la libertĂ©. ... Il faut bien admettre que ce charme est sensible au public puisque Le Veilleur de nuit a Ă©tĂ© accueilli par un gros, par un trĂšs gros succĂšs... ». LĂ©on Blum Comoedia Ce nâest pas un tour de force qui confirme les dons exceptionnels du jeune Ă©crivain dramatique, câest lâĂ©vidence dâune force qui bouleversera notre théùtre » RĂ©gis Gignoux Paris-Jour Reprises 1986 Théùtre 13 et théùtre Montparnasse. Mise en scĂšne Jacques Nerson 2005 Théùtre des Bouffes Parisiens. Mise en scĂšne Jean-Laurent Cochet DEBUREAU PiĂšce en vers libres, quatre actes et un prologue, créée au Théùtre du Vaudeville, le 9 fĂ©vrier 1918, interprĂ©tĂ©e par Mrs Sacha Guitry, HiĂ©ronimus, Candi, Marcel de Garcin, Gilder, EbĂšne, Max Morana, FĂ©lix Galipaux, Mmes Yvonne Printemps, Rosine Morana, Alys Delonde, Marthe Rienzi, G. Paulfret, et les comĂ©diens du théùtre des Funambules Mrs Baron fils, Louvigny, Fabrel, Barral, Mmes Jeanne Fusier, Marguerite Fabre RĂ©gine FĂ©lyane, C. Ducarre. Musique dâAndrĂ© Messager; Analyse Il sâagit des amours imaginaires du cĂ©lĂšbre mime Jean-Gaspard Deburau et de Marguerite Gautier qui deviendra la Dame aux camĂ©lias Critiques Ce spectacle fut une des piĂšces les plus tendres et les plus tristes qui se puissent voir. Un vers libre, tout voisin de la prose comme lâiambe des anciens, soutient le discours, le mesure Ă son rythme et quelquefois lâĂ©lĂšve. Des inventions ingĂ©nieuses, des pensĂ©es gracieuses et mĂ©lancoliques en ornent la trame lĂ©gĂšre. Câest un ouvrage charmant ... M. Sacha Guitry nâa rien Ă©crit qui soit supĂ©rieur, dâun art Ă la fois si aisĂ© et si sĂ»r, si sensible , discret et plaisamment variĂ© ». Henry Bidou Le Journal des dĂ©bats Le public a eu bien raison de faire un accueil enthousiaste Ă cette piĂšce dont le but est de lâĂ©mouvoir et de le divertir c âest lĂ de lâexcellent théùtre qui dĂ©ploie , pour nous plaire, toutes les sĂ©duction de la scĂšne et nous ne saurions trop remercier, lâun des derniers illusionnistes qui nous restent aujourdâhui, de nous faire oublier, ne fĂ»t âce quâun instant, la gravitĂ© de certains auteurs appelĂ©s sĂ©rieux parce quâils manquent dâesprit et ennuient ». G. de Pawlowski Le Journal Voici, Ă mon avis le chef-dâĆuvre de Sacha Guitry et câest vraiment un petit chef-dâĆuvre. Cette fois, avec son esprit, Sacha Guitry ouvre son cĆur ». Raoul Aubry La LibertĂ© La nouvelle piĂšce de M. Sacha Guitry est, Ă mon sens, tout nettement admirable ... Depuis Cyrano je ne crois pas quâune piĂšce plus charmante, plus dĂ©licatement littĂ©raire, plus finement et essentiellement française ait Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e . On a fait plus noble et plus profond on nâa pas fait plus joli ». Victor Snell LâHumanitĂ© 0n a fait un prodigieux succĂšs Ă Deburau . CâĂ©tait justice. La fantaisie est dâun pittoresque dĂ©licieux et dâune trĂšs rare qualitĂ© sentimentale ». Camille de Senne La Semaine de Paris Un grand et irrĂ©sistible charme se dĂ©gage de cet ouvrage profondĂ©ment senti et comme rempli dâune Ă©motion personnelle. Les belles scĂšnes se succĂšdent, pleines de finesse , de sentiment, de sympathique douceur ». LĂ©o Claretie La Rampe On allait au Chatelet voir des fééries. On ira Ă Deburau voir un homme câest encore plus mystĂ©rieux. Dans une langue poĂ©tique aussi riche que souple, en vers qui suivent tout le mouvement et la couleur de la pensĂ©e, dans les dĂ©cors les plus discrets et les plus pittoresques, au milieu dâune foule de costumes charmants, lâauteur est son interprĂšte, et si lâauteur grandit en valeur morale , en importance littĂ©raire, lâacteur ne cesse pas de lâĂ©galer ». RĂ©gis Gignoux Le Figaro Reprises 1950 Théùtre du Gymnase . Mise en scĂšne Sacha Guitry. 1980 Théùtre Edouard VII . Mise en scĂšne Jacques Rosny MON PĂRE AVAIT RAISON. PiĂšce en trois actes, créée le 8 octobre 1919, au théùtre de la Porte Saint Martin, interprĂ©tĂ©e par Mrs Sacha Guitry, Paul Duc, Lucien Guitry, Joffre , Ferval et Mmes Yvonne Printemps, Jeanne Rolly, Marie Montbazon, mise en scĂšne Sacha Guitry Analyse Ă trente ans, abandonnĂ© par Germaine, son Ă©pouse, Charles dĂ©cide de mettre en pension son fils Maurice. Vingt ans plus tard, alors que Germaine a rĂ©intĂ©grĂ© le foyer, Loulou la petite amie de Maurice reproche Ă Charles dâavoir abandonnĂ© Maurice, Charles alors regrette de nâavoir pas Ă©couter les conseils de son pĂšre et dâavoir rendu son fils malheureux. Critiques Devant une piĂšce de cette hardiesse et de cette qualitĂ© tout notre bric-Ă -brac habituel sâeffondre ... Elle vient Ă lâheure nĂ©cessaire marquer quâĂ travers les caprices et les amusements faciles , les destinĂ©es de notre théùtre poursuivent leur cours. Maintes fois, dans une Ćuvre dĂ©jĂ nombreuse, lâauteur de Mon pĂšre avait raison nous laissa entrevoir le puissant observateur et lâĂ©crivain de grande classe qui sâĂ©laboraient lentement en lui. Il vient de se rĂ©aliser pleinement dans une Ćuvre supĂ©rieure, sans effort apparent, sans renoncer aux grĂąces et aux fantaisies qui nous lâont rendu si prĂ©cieux ». M. Antoine LâInformation Ayant fait le tour de bien des bonshommes du Théùtre, chez nous et chez les autres, de trĂšs grands, je suis toujours rentrĂ© dans mon cher pays en retrouvant les Guitry comme une fortune nationale. Je professe du respect et de lâadmiration pour eux.... Chaque fois que je les revois au travail mon cĆur est Ă©mu et fier. Il me semble que certains maĂźtres anciens resplendissent en eux ils sont classiques ». M. LugnĂ©-Poe L'Ăclair Bravo, Sacha Guitry, voilĂ de la bonne comĂ©die ». François Mauriac Revue hebdomadaire Remercions-le de nous faire souvent penser, sans nous faire froncer le sourcil. Remercions le dâaimer son mĂ©tier, de le savoir, de le bien faire, dây ĂȘtre un si honnĂȘte homme ». Abel Hermant LâExcelsior Clairvoyant , Sacha Guitry sourit de mille prĂ©jugĂ©s, de lâhĂ©rĂ©ditĂ©, de la fausse science, de lâĂ©ducation, de la rhĂ©torique fĂ©minine, des convenances sociales. Rejetant les saines traditions du mĂ©tier - mais non les hautes directions de lâart âil nous offre une piĂšce libre comme le théùtre de Musset ». Lâavenir Nous nous plaignions du théùtre moderne. Nous nâaurons plus sujet de nous plaindre. Je compte la derniĂšre Ćuvre de M. Sacha Guitry comme une comĂ©die qui frise le chef-dâĆuvre ». Bernard Lecache Le Petit bleu Le succĂšs ? ConsidĂ©rable ! » LĂ©on Blum Le Matin Reprises 1959 Théùtre de la Madeleine. Mise en scĂšne AndrĂ© Roussin. 1978 Théùtre HĂ©bertot .Mise en scĂšne Jean- Laurent Cochet 1999 Théùtre des Bouffes Parisiens , Mise en scĂšne Jean-Claude Brialy, 2007 Théùtre Edouard VII,. Mise en scĂšne Bernard Murat L'AMOUR MASQUĂ ComĂ©die musicale en trois actes, créée au Théùtre Edouard VII, le 15 fĂ©vrier 1923, interprĂ©tĂ©e par Mrs Sacha Guitry, Pierre Darmant, AndrĂ© Urban, Louis Kerly, Louis Maurel, Georges Lemaire, Henry Garat, Jugain, Marin, de Size et Mmes Yvonne Printemps, Marthe Ferrare, Maris Dubas, S. Duval, S. Duplessy, R. BernĂšde, G. Cornet. Mise en scĂšne de Sacha Guitry. Musique dâAndrĂ© Messager. Analyse Elle, nâa pas de prĂ©nom. Elle sâappelle Elle tout simplement. Elle a vingt ans, Elle est ravissante et deux protecteurs, un baron et un maharaja que gentiment Elle exploite Jâai deux amants, câest merveilleux ! Et je fais croire Ă chacun dâeux Que lâautre est le Monsieur sĂ©rieux Et ma foi, ils le croient Ils le croient tous les deux Mon Dieu que câest bĂȘte un homme, un homme, un homme... Alors vous pensez Deux... » Avant de se rendre Ă un bal masquĂ©, Elle dĂ©couvre la photo dâun charmant jeune homme - en fait câest le portrait du pĂšre de celui-ci lorsquâil avait vingt ans de moins... Elle tombe amoureuse de ce joli garçon... Mais est-ce le pĂšre jeune dâalors ou le fils de maintenant qui lui plaĂźt ? Critiques Le dialogue de M. Sacha Guitry, câest Paris qui sourit. Et ceci Ă un point tel que si Paris nâexistait pas, M. Sacha Guitry, pour pouvoir Ă©crire et jouer, serait capable de crĂ©er Paris ». Fred Orthys Le Matin M. Sacha Guitry, ProtĂ©e » du Théùtre, mais qui ne se refuse Ă aucune expĂ©rience du gĂ©nie multiple que lui dĂ©partirent les dieux, a imaginĂ©, sans doute Ă peine quâil y eut pensĂ©, un bien joli sujet de comĂ©die musicale ». Jane Catulle6Mendes La Presse Le premier acte a Ă©tĂ© longuement acclamĂ© et, lâhabitude une fois prise, on a fait aux deux autres le mĂȘme accueil enthousiaste quâau premier ». AndrĂ© Rivoire Le Temps Les comĂ©dies amoureuses de M. Sacha Guitry sont incomparables. Quelque tort que lui fasse son succĂšs dans lâestime des lettrĂ©s, il est le seul dramaturge dâĂ prĂ©sent qui tienne le fil dâune tradition dĂ©licate, celle de Marivaux et dâAlfred de Musset ». Robert Manuel LâĂclair Vous devinez de quels ravissants et spirituels commentaires, AndrĂ© Messager a entourĂ© cette anecdote. Sa partition prend, dans les circonstances prĂ©sentes, une valeur trĂšs particuliĂšre. Au moment oĂč la musique lĂ©gĂšre sâindustrialise, se dĂ©pouille, se simplifie jusquâĂ la pauvretĂ© la plus humiliante, oĂč les opĂ©rettes ne sont plus que des recueils dâair de danses et de refrains populaciers pour, ainsi dire en sĂ©rie, par des procĂ©dĂ©s mĂ©caniques, câest un enchantement que dâentendre un art aussi finement aristocratique. ». Pierre Lalo Le Temps M. Sacha Guitry Ă©tait un grand auteur dramatique ; mais voilĂ que dâun coup, quoique Ă©tranger Ă la musique, il a compris, en outre ,la psychologie de cet art. Il a instinctivement saisi les lois de la composition musicale. Prodigieuse facultĂ© dâassimilation que partage Mme Yvonne Printemps. Elle a chantĂ©, mais oui, chantĂ©, avec quelque chose de mieux encore que la science avec une dĂ©licieuse finesse, avec une adorable souplesse ». Raymond Charpentier Coemedia Un tel bonheur se dĂ©gage de ce spirituel et gracieux divertissement quâon ne saurait applaudir LâAmour masquĂ© sans se sentir soi âmĂȘme un peu plus heureux ou un peu moins malheureux, selon les jours, lâhumeur et les circonstances. Allez, allez Ă LâAmour masquĂ©, messieurs, mesdames ; allez y vite ; et retournez-y et nây manquez pas. Pendant quelques heures vous trouverez la vie drĂŽle, les gens comiques, la jeunesse folle et tendre, la fantaisie possible et lâamour charmant. Tout cela grĂące Ă la magie de Sacha Guitry, auteur et acteur, grĂące Ă la beautĂ©, Ă la jeunesse, Ă lâentrain, Ă la voix incomparable dâYvonne Printemps... Alors, me direz âvous, câest un succĂšs ? Non sire, câest un triomphe ! La plupart des couplets sont bissĂ©s, acclamĂ©s, on nâen finit pas de relever le rideau et lâenthousiasme du public pour Mme Yvonne Printemps tient tout simplement de lâadoration ». Mme GĂ©rard dâHouville Le Gaulois Reprises 1970 Théùtre de Palais Royal. 2006 Grand théùtre de Tours. Mise en scĂšne Bernard Pisani 2012 Grand Théùtre de Bordeaux. Mise en scĂšne Bernard Pisani 1 Sacha Guitry Le Veilleur de Nuit Acte 3 Haut de page
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LucienGuitry est un comĂ©dien français, nĂ© Germain Lucien Guitry le 13 dĂ©cembre 1860 Ă Paris 2 e [1], ville oĂč il est mort le 1 er juin 1925.. Il est considĂ©rĂ© comme le plus grand comĂ©dien de son Ă©poque, Ă©gal masculin de Sarah Bernhardt, avec laquelle il a jouĂ© rĂ©guliĂšrement ; il a créé des rĂŽles marquants qui lui ont valu des triomphes internationaux rĂ©pĂ©tĂ©s.
Sacha Guitry, de son nom complet Alexandre Georges-Pierre Guitry est un comĂ©dien, dramaturge, metteur en scĂšne de théùtre, rĂ©alisateur et scĂ©nariste de cinĂ©ma, nĂ© le 21 fĂ©vrier 1885 Ă Saint-PĂ©tersbourg Russie, mort le 24 juillet 1957 Ă Paris 72 ans. Auteur dramatique trĂšs prolifique, il a Ă©crit plus dâune centaine de piĂšces de théùtre et en a adaptĂ© lui-mĂȘme un grand nombre au cinĂ©ma. InterprĂšte de la quasi-totalitĂ© de ses films, il est lâauteur dâune Ćuvre, riche de trente-trois films, qui comprend notamment Le Roman dâun tricheur, DĂ©sirĂ©, Mon pĂšre avait raison, Quadrille, Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires, La Poison, Si Versailles mâĂ©tait contĂ©, Assassins et voleurs. Biographie Du théùtre au cinĂ©ma Sacha Guitry est le fils de Lucien Guitry 1860 - 1925, grand comĂ©dien de théùtre, trĂšs cĂ©lĂšbre Ă son Ă©poque, et de RenĂ©e Delmas dite de Pont-Jest[1], fille du journaliste RenĂ© de Pont-Jest. ĂlĂšve mĂ©diocre, Guitry se rĂ©vĂšle trĂšs tĂŽt brillant comĂ©dien et bien vite excellent auteur et metteur en scĂšne. Il Ă©crit lui-mĂȘme ses propres piĂšces, parfois en moins de trois jours, et en assure la mise en scĂšne et lâinterprĂ©tation. Nono 1905 remporte un vif succĂšs. LâĂ©chec de La Clef, en 1907, dĂ©courage un temps Sacha Guitry et câest le soutien indĂ©fectible de son grand aĂźnĂ© Octave Mirbeau qui lui donne le courage de continuer ; admiratif et reconnaissant, Sacha Guitry sollicite de lui une prĂ©face pour sa Petite Hollande en 1908 et, plus tard, lui consacre une piĂšce, Un sujet de roman, créée le 4 janvier 1924 par son pĂšre Lucien Guitry dans le rĂŽle du grand Ă©crivain. Sarah Bernhardt doit ĂȘtre aussi de la crĂ©ation, dans le rĂŽle dâAlice Regnault, mais la Divine meurt avant la premiĂšre. Il Ă©crit sur mesure pour sa deuxiĂšme Ă©pouse Yvonne Printemps plusieurs comĂ©dies musicales Ă trĂšs grand succĂšs Mozart, Lâamour masquĂ©... et sept revues avec son ami Albert Willemetz. Homme dâesprit Ă lâhumour caustique, câest Sacha Guitry qui dĂ©couvre et lance Raimu dans Faisons un rĂȘve. Il fait les dĂ©lices du public mais sâattire Ă©galement la jalousie des critiques. Il est un peu lâopposĂ© du théùtre du Cartel des quatre créé notamment par Louis Jouvet et Charles Dullin. Sacha Guitry utilise dĂ©jĂ au théùtre les techniques quâil utilisera plus tard au cinĂ©ma sâapproprier les rĂšgles, les codes dâun genre, les dĂ©tourner et les plier Ă son propre style. Avec le cinĂ©ma, les rapports sont dâabord trĂšs tendus. Il fait une premiĂšre tentative en 1915, en rĂ©alisant Ceux de chez nous, en rĂ©action Ă un manifeste allemand exaltant la culture germanique. Il filme certains amis de son pĂšre, Rodin, Claude Monet, Anatole France, Auguste Renoir, entre autres. Il note leurs paroles et les rĂ©pĂšte durant les diffusions publiques, inventant en quelque sorte, et avant lâheure, la voix off. Portrait de Sacha Guitry dans son bureau de lâavenue ElisĂ©e-Reclus en 1942, par LĂ©on Gard coll. AndrĂ© Bernard Comme Jouvet, il reproche au cinĂ©ma de ne pas avoir la mĂȘme puissance que le théùtre et ne sây met quâen 1935, sous lâinfluence de sa jeune Ă©pouse Jacqueline Delubac. Comprenant que le cinĂ©ma permet une survie, en fixant les images sur la pellicule, il dĂ©cide de mettre en boĂźte certaines de ses piĂšces de théùtre. Dâabord Pasteur, Ă©crite par Sacha pour son pĂšre Lucien Guitry et interprĂ©tĂ©e par ce dernier, piĂšce qui donne libre cours Ă sa passion pour lâhistoire et les personnages historiques. Ćuvre prophĂ©tique car, dans une scĂšne, Louis Pasteur, jouĂ© par Sacha Guitry, dĂ©clare Ă ses confrĂšres Messieurs, je sais que je nâutilise pas le style conventionnel auquel vous ĂȘtes habituĂ©s. » Phrase lourde de sens qui semble destinĂ©e aux critiques qui le dĂ©nigrent depuis quâil fait du théùtre. La mĂȘme annĂ©e, il rĂ©alise Bonne chance ! et donne le premier rĂŽle fĂ©minin Ă Jacqueline Delubac. Le style de Guitry sây affirme un peu plus. En 1936, il tourne Ă partir de la piĂšce quâil a Ă©crite Le nouveau testament. Puis, toujours en 1936, il rĂ©alise Le roman dâun tricheur, pour beaucoup son chef-dâĆuvre. Dans ce film, presque sans dialogue, Ă lâexception de quelques scĂšnes, Guitry met en scĂšne lâunique roman quâil a Ă©crit, MĂ©moires dâun tricheur. Il est le narrateur du film, et dĂ©jĂ son goĂ»t pour les histoires contĂ©es apparaĂźt. Si lâhistoire peut sembler banale, elle est en fait un Ă©loge du cinĂ©ma, art de lâillusion. Tout Guitry est contenu dans ses quatre premiers films jeu avec les procĂ©dĂ©s filmiques, reconstitution dâĂ©vĂšnements ou biographie de personnages historiques, adaptations théùtrales. De 1935 Ă 1937, en trois ans, Guitry rĂ©alise dix films, dont au moins trois chefs-dâĆuvre[2]. Ă la fin des annĂ©es 1930, tout va pour le mieux dans la vie de Guitry. Le seul point noir est son divorce dâavec Jacqueline Delubac, mais il se console rapidement et Ă©pouse GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville qui est la seule de ses cinq Ă©pouses Ă porter le nom de Guitry. Ă propos des femmes, Guitry a dĂ©clarĂ© Les femmes, je suis contre... tout contre. » Son nom est proposĂ© pour lâAcadĂ©mie française mais Guitry refuse la condition quâon lui impose abandonner son activitĂ© de comĂ©dien. En 1939, il est Ă©lu Ă lâAcadĂ©mie Goncourt et rĂ©alise Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires, avec de nombreuses vedettes dont Elvire Popesco. Guitry y traite du mariage blanc, thĂšme Ă©ternel. Mais le film est en prise presque directe avec lâactualitĂ© car lâhistoire part dâun dĂ©cret qui oblige les Ă©trangers Ă quitter la France. Le lendemain de la premiĂšre de son film, la guerre Ă©clate. Les annĂ©es noires La situation se complique pour le Parisien Guitry qui ne veut pas quitter la capitale alors sous lâOccupation allemande. Pendant quatre ans, Ă lâĂ©cart de toute pensĂ©e politique, il continue sa vie dâhomme de théùtre et de cinĂ©ma, pensant ainsi assurer la prĂ©sence de lâesprit français face Ă lâoccupant allemand[3]. Il joue de son influence pour obtenir la libĂ©ration de personnalitĂ©s, notamment de lâĂ©crivain Tristan Bernard et de son Ă©pouse, et parvient Ă mettre en scĂšne Le Destin fabuleux de DĂ©sirĂ©e Clary, autour de la cĂ©lĂšbre fiancĂ©e de NapolĂ©on, film qui oppose la figure de lâEmpereur aux visĂ©es de lâimpĂ©rialisme allemand, et Donne-moi tes yeux, rĂ©flexion originale sur le regard masculin ». Son album 1429-1942 - De Jeanne dâArc Ă Philippe PĂ©tain, catalogue des gloires françaises, politiques et artistiques, tĂ©moigne, toutefois, dâun aveuglement politique assez permanent, au point de faire lâobjet dâun film de prĂ©sentation, projetĂ© en mai 1944. Le 23 aoĂ»t 1944, lors de la LibĂ©ration de Paris, quelques heures aprĂšs avoir parlĂ© au tĂ©lĂ©phone avec son amie Arletty, il est arrĂȘtĂ© par un groupe de rĂ©sistants, agissant de leur propre initiative, qui lui reprochent son attitude Ă lâĂ©gard de lâoccupant allemand. Il est incarcĂ©rĂ© 60 jours sans inculpation. Il est alors dĂ©noncĂ© dans la presse - sur des rumeurs infondĂ©es - par des Ă©crivains comme Pierre Descaves ou certains journalistes du Figaro dirigĂ© alors par Pierre Brisson, dont il sâĂ©tait fait un ennemi. Le juge dâinstruction, ne sachant que lui reprocher, fait paraĂźtre dans les journaux, Ă deux reprises, des annonces demandant quâon lui communique les accusations contre Guitry. Il nâobtient aucune rĂ©ponse probante et classe le dossier[5]. Guitry obtient, en 1947, un non-lieu tardif il dira plus tard quâil aurait prĂ©fĂ©rĂ© un procĂšs. Ses dĂ©tracteurs oublient quâil sâest toujours opposĂ© Ă ce que ses piĂšces soient jouĂ©es en Allemagne. Il sâen souviendra et lorsquâil dĂ©clare Ă Pauline Carton, dans le gĂ©nĂ©rique de La Poison, que le dĂ©cor de la cellule a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă partir de ses souvenirs, on sent poindre lâamertume dans sa voix. Tentant de prendre la chose avec humour, il dĂ©clare La LibĂ©ration ? Je peux dire que jâen ai Ă©tĂ© le premier prĂ©venu. » Il publiera ses souvenirs sous forme de deux rĂ©cits Quatre ans dâoccupations un pluriel significatif pour la pĂ©riode de 1940 Ă aoĂ»t 1944 et 60 jours de prison pour les deux mois pĂ©nibles et humiliants qui suivirent. Il commente, en filigrane, son comportement dans Le Diable boiteux, biographie de Talleyrand qui soutint plusieurs rĂ©gimes avec toujours comme seul but de servir la grandeur de la France. RĂ©habilitation Les annĂ©es 1930 ont Ă©tĂ© des annĂ©es de rĂȘves et les annĂ©es 1940 des annĂ©es noires ; les annĂ©es 1950 vont ĂȘtre une synthĂšse des deux dĂ©cennies Ă©coulĂ©es. Il rĂ©dige le scĂ©nario dâAdhĂ©mar ou le jouet de la fatalitĂ© mais, malade, il en confie la rĂ©alisation Ă Fernandel, qui a dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© un film. Devant le rĂ©sultat, Guitry sâestime trahi et intente un procĂšs Ă Fernandel. ProcĂšs quâil perd. Ce film annonce la suite de lâĆuvre du cinĂ©aste. Le ton est plus mĂ©lancolique Le comĂ©dien, Deburau, Le TrĂ©sor de Cantenac, parfois caustique Je lâai Ă©tĂ© trois fois, La Poison, La Vie dâun honnĂȘte homme, mais toujours comique ToĂą, Aux deux colombes, Tu mâas sauvĂ© la vie. Ses amis le soutiennent et la reconnaissance vient avec la commande de grosses productions historiques Si Versailles mâĂ©tait contĂ©, NapolĂ©on, Si Paris nous Ă©tait contĂ©. Mots dâesprits et distribution prestigieuse font le charme de ces fresques. Il nâoublie pas son arrestation et rĂ©alise le trĂšs caustique Assassins et voleurs emmenĂ© par le duo Jean Poiret-Michel Serrault et dans lequel Darry Cowl fait ses dĂ©buts avec une scĂšne pratiquement improvisĂ©e mais hilarante. Les trois font la paire est le dernier film quâil rĂ©alise avec lâaide de lâacteur-producteur-rĂ©alisateur ClĂ©ment Duhour, car la maladie lâa beaucoup affaibli. Film-somme sur le cinĂ©ma de Guitry oĂč lâon retrouve tout ce qui fait le sel de son Ćuvre jeu avec les procĂ©dĂ©s filmiques, fidĂ©litĂ© avec certains acteurs, humour caustique. Son testament artistique est le scĂ©nario de La Vie Ă deux quâil rĂ©dige et oĂč il refond plusieurs de ses piĂšces ; câest ClĂ©ment Duhour qui le rĂ©alisera aprĂšs la mort du cinĂ©aste, avec une plĂ©iade de vedettes venues rendre hommage au maĂźtre. Sacha Guitry repose au cimetiĂšre de Montmartre, Ă Paris, avec son pĂšre Lucien Guitry, son frĂšre Jean, mort en 1920, et sa derniĂšre Ă©pouse Lana Marconi, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1990. Sacha Guitry incarnĂ© par Denis PodalydĂšs Ă la CinĂ©mathĂšque française le 15 dĂ©cembre 2007 Sacha Guitry et les acteurs Sacha Guitry tient le rĂŽle principal de presque tous ses films. Mais il sait parfois sâeffacer lorsque cela est nĂ©cessaire, comme dans le film Ă sketch Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires, avec de grands noms au gĂ©nĂ©rique Saturnin Fabre, Elvire Popesco, Gaston Dubosc. Lâhomme est un ami fidĂšle et Pauline Carton est de pratiquement tous ses films, Guitry lui inventant parfois des rĂŽles. Il confie le rĂŽle principal de La Poison et de La Vie dâun honnĂȘte homme Ă Michel Simon, ainsi que celui de son dernier film Les trois font la paire que Simon nâaime pas mais quâil accepte de jouer par amitiĂ© pour Guitry alors mourant. Acteur mais Ă©galement metteur en scĂšne, il sait dĂ©tecter les nouveaux talents Louis de FunĂšs, Darry Cowl, Michel Serrault, Jacqueline Delubac pour ne citer que ceux-lĂ , sont lancĂ©s par Guitry. Raimu, reconnaissant envers celui qui lâa lancĂ©, accepte de jouer gratuitement dans Les Perles de la couronne, et Guitry Ă©crit sur mesure, pour Fernandel, le scĂ©nario dâAdhĂ©mar. Il sollicite souvent Gaby Morlay pour jouer des piĂšces de théùtre, et deux de ses films. Parmi les grands noms dĂ©jĂ citĂ©s, signalons Ă©galement Erich Von Stroheim, Orson Welles, Jean Cocteau, Jean Gabin, GĂ©rard Philipe, Jean Marais, Danielle Darrieux, MichĂšle Morgan, Pierre Larquey, Jean-Louis Barrault, Arletty, Ădith Piaf, Robert Lamoureux, Yves Montand, Jean-Pierre Aumont, Luis Mariano, Jacques Varennes, Suzanne DantĂšs, Saturnin Fabre, Brigitte Bardot... Tout au long de son Ćuvre, Guitry se fait le chantre du comĂ©dien, de son pĂšre en particulier. Il rĂ©alise une biographie, Le comĂ©dien, et une adaptation théùtrale, Mon pĂšre avait raison. Pour lui, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt sont les deux plus grands acteurs du monde et il ne manque pas de le rappeler dans les nombreux articles quâil signe. Du reste, certains de ses films semblent ĂȘtre conçus pour les acteurs Les Perles de la couronne, Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires, Le TrĂ©sor de Cantenac, ou encore sa trilogie historique. Sacha Guitry et la critique Avec la critique, Sacha Guitry a toujours entretenu des relations conflictuelles, et ce dĂšs son travail au théùtre. Guitry invente un style qui lui est propre, basĂ© sur des dialogues incisifs et percutants, souvent dĂ©clamĂ©s par lui. Câest son statut de comĂ©dien et dâauteur complet, son apparente facilitĂ© et le succĂšs constant quâil obtient pendant plus de vingt ans, qui le rendent insupportable aux yeux des critiques. Du reste, Guitry se venge tout au long de son Ćuvre et ne cesse de railler cette profession qui nâa jamais voulu faire lâeffort de le comprendre. On reproche Ă ses films de nâĂȘtre que du théùtre filmĂ© ». Mais Guitry, comme Marcel Pagnol, autre auteur dramatique de théùtre et de cinĂ©ma, impose son style, se construit un univers Ă part entiĂšre. Souvent, les critiques reprochent Ă Guitry de dĂ©voiler les artefacts du tournage. Le cinĂ©aste, en montrant son style, appose sa griffe et empĂȘche quiconque de le copier. Le summum est atteint avec Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires Ă la fin du film, Guitry mĂ©lange rĂ©alitĂ© et fiction en faisant croire Ă lâamant sĂ©rieux » dâElvire Popesco que tous deux sont en train de tourner un film. La rĂ©alitĂ© va plus vite que la fiction. Et le film se fait descendre par la critique, malgrĂ© des rĂ©actions positives. Parmi les critiques les plus virulentes, on retrouve rĂ©guliĂšrement lâaccusation de mĂ©galomanie, de prĂ©tention. Lorsque Guitry met en scĂšne Si Versailles mâĂ©tait contĂ©, film montrant le chĂąteau de Versailles de sa naissance Ă nos jours, on lui reproche dâĂȘtre passĂ© Ă cĂŽtĂ© de son sujet et dâavoir rĂ©alisĂ© une visite au musĂ©e GrĂ©vin. La critique dĂ©molit le film et oublie que Guitry est rĂ©alisateur avec toutes les responsabilitĂ©s que cela implique, mais Ă©galement scĂ©nariste, dialoguiste et acteur. Peu de cinĂ©astes assument autant de charges. PrĂ©cisons quâOrson Welles, qui a jouĂ© dans Si Versailles mâĂ©tait contĂ© et NapolĂ©on, considĂ©rait Guitry comme son maĂźtre. Du reste, il existe plusieurs points communs entre les deux artistes tous deux hommes de théùtre, de radio, fĂ©rus de littĂ©rature, ayant le mĂȘme sens de lâhumour. Une autre hypothĂšse peut ĂȘtre envisagĂ©e pour expliquer ses rapports tendus avec la critique la virtuositĂ© et lâĂ©vidente facilitĂ© avec laquelle le MaĂźtre se meut dans lâunivers filmique. Lorsquâil rĂ©alise Le Destin fabuleux de DĂ©sirĂ©e Clary, il place le gĂ©nĂ©rique en plein milieu du film et sâoffre le luxe de changer plusieurs interprĂštes avec une finesse rare. Du cinĂ©ma, Guitry a dĂ©clarĂ© Câest une lanterne magique. Lâironie et la grĂące ne devraient pas en ĂȘtre exclues. » Une autre anecdote rĂ©sume le personnage lors du tournage de NapolĂ©on film, 1955, un technicien, en visionnant les rushes, fait remarquer Ă Guitry que lâon voit une camĂ©ra dans le champ. Le cinĂ©aste lui rĂ©pond Mon ami, le public se doute bien que nous avons utilisĂ© des camĂ©ras pour rĂ©aliser ce film. »[6] DĂ©sinvolture, Ă©lĂ©gance, finesse et humour alliĂ©s Ă une solide maĂźtrise technique. Cela a de quoi attirer les mĂ©disances et les jalousies. Il est rĂ©habilitĂ© par la Nouvelle Vague[7] et François Truffaut[8] en particulier, qui voit en lui lâauteur complet, comme Charlie Chaplin. Un pseudo-misogyne, mariĂ© cinq fois MalgrĂ© sa posture de misogyne, Sacha Guitry a Ă©tĂ© mariĂ© cinq fois, et uniquement avec des actrices encore que les deux derniĂšres ne le soient devenues quâĂ son contact. On lui connaĂźt en outre de nombreuses liaisons avec des comĂ©diennes et artistes, parmi lesquelles la danseuse Belle Ăpoque » Jane Avril, la comĂ©dienne Arletty, qui a refusĂ© de lâĂ©pouser Jâallais pas Ă©pouser Sacha Guitry, il sâĂ©tait Ă©pousĂ© lui-mĂȘme ! », citĂ© par Francis Huster, les actrices Simone Paris qui consacre un chapitre de ses mĂ©moires, Paris sur lâoreiller, au rĂ©cit dĂ©taillĂ© de leur romance, Mona Goya et Yvette Lebon, etc. Cinq Ă©pouses donc 1. Charlotte LysĂšs 1877 - 1956, quâil Ă©pouse le 14 aoĂ»t 1907 Ă Honfleur, au grand dam de Lucien Guitry, ex-amant de Charlotte... Elle crĂ©e 19 piĂšces de son mari et reprend Nono en 1910. SĂ©parĂ© depuis avril 1917, le couple divorce le 17 juillet 1918. 2. Il Ă©pouse Yvonne Printemps 1894-1977 Ă Paris le 10 avril 1919, avec comme tĂ©moins Sarah Bernhardt, Georges Feydeau, Lucien Guitry avec qui il vient juste de se rĂ©concilier et Tristan Bernard. Yvonne Printemps crĂ©e 34 piĂšces de Sacha Guitry, en reprend 6 autres et interprĂšte un de ses films, Un roman dâamour et dâaventures 1918. Yvonne Printemps ne sait pas ĂȘtre fidĂšle elle a des aventures avec Jacques-Henri Lartigue, Maurice Escande, Pierre Fresnay, dâautres... Le 15 juillet 1932, Yvonne Printemps quitte Sacha Guitry pour Pierre Fresnay lequel de son cĂŽtĂ© quitte pour elle la comĂ©dienne Berthe Bovy, mais ne lâĂ©pouse jamais. Le divorce entre Sacha et Yvonne est prononcĂ© le 7 novembre 1934. 3. Il se marie avec la jeune Jacqueline Delubac 1907-1997, de 22 ans sa cadette, le 21 fĂ©vrier 1935 Ă Paris. Comme il a 50 ans, il annonce leur mariage en dĂ©clarant Jâai le double de son Ăąge, il est donc juste quâelle soit ma moitiĂ© », rajeunissant lĂ©gĂšrement et galamment la mariĂ©e et dĂšs lors, pour la beautĂ© du mot et lâexactitude des comptes, Jacqueline prĂ©tendra ĂȘtre nĂ©e en 1910 et non en 1907. Elle joue 23 piĂšces de son mari, dont 10 crĂ©ations et 13 reprises Ă Paris et en tournĂ©e, et interprĂšte 11 de ses films. SĂ©parĂ©s depuis le 15 dĂ©cembre 1938, les deux Ă©poux divorcent le 5 avril 1939. 4. Son mariage avec GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville 1914-1963 est cĂ©lĂ©brĂ© les 4 et 5 juillet 1939 Ă Fontenay-le-Fleury. GeneviĂšve crĂ©e 5 piĂšces de son mari Ă Paris, en reprend 4 autres Ă Paris ou en tournĂ©e et interprĂšte 5 de ses films. Le couple se sĂ©pare en avril 1944 et leur divorce est prononcĂ© le 25 juillet 1949. 5. Il Ă©pouse enfin Lana Marconi 1917-1990 le 25 novembre 1949 Ă Paris. Elle crĂ©e 7 piĂšces de son mari, en reprend 2 autres et interprĂšte 13 de ses films. Guitry a souvent Ă©voquĂ© sa prĂ©dilection pour les femmes La vie sans femme me paraĂźt impossible ; je nâai jamais Ă©tĂ© seul, la solitude câest ĂȘtre loin des femmes », mais il sâest acquis une rĂ©putation de misogyne que bien des rĂ©pliques de ses piĂšces semblent confirmer. Ses Ă©pouses, cependant, qui lui ont reprochĂ© bien des choses, ne lui ont jamais fait le reproche dâĂȘtre misogyne mais Ă©voquent au contraire son amour pour les femmes, sa sĂ©duction et sa finesse. Dans Faut-il Ă©pouser Sacha Guitry ?, Jacqueline Delubac Ă©crit Ă la femme il refuse la logique de lâesprit, pas celle du sexe ! Traduction il ne suffit pas que la femme dispose, il faut quâelle propose. Câest le caprice de Sacha de tout attendre du caprice des femmes » ; et plus loin Sacha, tu es un diable Ă©lectrique ! Tu connais les escaliers cachotiers du cĆur ! Les drĂŽles de coin ! ». GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville, dans Sacha Guitry mon mari, Ă©voque les causeries de Sacha sur lâamour et les femmes et avance une hypothĂšse Parler des femmes et de lâamour nâest-il pas devenu, pour lui, une sorte de jonglerie dans laquelle son cĆur ne joue aucun rĂŽle, mais seulement son aisance dans lâironie, son goĂ»t excessif du paradoxe ». Avec les salves de misogynie de quelques-unes de ses piĂšces, Guitry se venge sans doute, avec des mots, des infidĂ©litĂ©s, des maux, que certaines de ses compagnes ont pu lui faire subir, Yvonne Printemps notamment. Mais Dominique Desanti, dans la biographie quâelle lui a consacrĂ©e, remarque aussi, Ă propos de NâĂ©coutez pas Mesdames, piĂšce tissĂ©e de railleries contre les femmes Sous les rĂ©pliques spirituelles court lâangoisse de lâhomme vieillissant face Ă une femme trop jeune qui lui Ă©chappe... ce quâil trouve Ă la fois insupportable et naturel ». Guitry lui se justifie en disant Tout ce mal que je pense et que je dis des femmes, je le pense et je le dis, je ne le pense et je ne le dis que des personnes qui me plaisent ou qui mâont plu ». Ce nâest dâailleurs pas tant avec les femmes quâil a un problĂšme, quâavec le mariage Le mariage, câest rĂ©soudre Ă deux les problĂšmes que lâon nâaurait pas eu tout seul ». La sĂ©duction a certainement pour lui plus de charme que le quotidien Ă deux. Il Ă©crit cependant Il faut courtiser sa femme comme si jamais on ne lâavait eue... il faut se la prendre Ă soi-mĂȘme ». Si lâon peut citer bien des rĂ©pliques et des "bons ? mots" misogynes dans ses piĂšces et dans ses causeries, aucun tĂ©moignage ne donne dâexemple de propos semblables dans lâintimitĂ© et encore moins de gestes ou dâattitudes qui pourrait laisser penser que lâhomme Sacha Guitry ait Ă©tĂ© un misogyne. Selon Francis Huster, fin connaisseur de Sacha On dit souvent que Guitry est misogyne ; câest nâimporte quoi. Dans ses piĂšces, câest lâhomme qui trompe, pas la femme. Il Ă©tait fou des femmes. Elles nâont malheureusement jamais Ă©tĂ© folles de lui. Peut-ĂȘtre parce quâil nâa jamais su les entendre, mĂȘme sâil savait leur parler[9] ». Divers * Sacha est le diminutif russe dâAlexandre. Le tsar Alexandre III Ă©tait en effet son parrain. * Comme il lâexplique dans son discours de cent lignes, prononcĂ© lors du banquet du centenaire de Janson-de-Sailly, il fut expulsĂ© de 11 lycĂ©es diffĂ©rents. Il explique dans un de ses ouvrages que câĂ©tait en raison des dĂ©placements de son pĂšre quâil redoubla sa sixiĂšme 10 fois. En effet, Ă lâĂ©poque, on recommençait lâannĂ©e si lâon changeait dâĂ©tablissement, ce qui Ă©tait pĂ©riodiquement son cas. Il fĂȘta ses 18 ans en sixiĂšme et arrĂȘta lĂ ses brillantes Ă©tudes. * Durant lâhiver 1889, alors que Sacha a 4 ans, son pĂšre, Lucien Guitry, qui est en train de se sĂ©parer de son Ă©pouse, sort un moment avec Sacha pour chercher des gĂąteaux au coin de la rue, et de coin de rue en coin de rue car la pĂątisserie la meilleure est plus loin, il lâentraĂźne en fait jusquâen Russie, lieu de ses futures reprĂ©sentations. En Russie, Sacha joue enfant devant le Tsar et la famille impĂ©riale. Câest lĂ -bas quâil entend que son pĂšre va jouer tous les soirs pour travailler ». * MalgrĂ© le vif soutien de Tristan Bernard et de nombreuses personnalitĂ©s de la RĂ©sistance, Sacha Guitry est injustement soupçonnĂ© de collaboration Ă la LibĂ©ration, et incarcĂ©rĂ© pendant 60 jours dâoĂč son livre 60 jours de prison. Un non-lieu complet est prononcĂ©. Il nây avait donc pas lieu ! », commenta ironiquement Sacha Guitry, qui dĂ©clara par ailleurs La LibĂ©ration ? Je peux dire que jâen ai Ă©tĂ© le premier prĂ©venu. » Pour la petite histoire, câest Alain Decaux qui Ă©vite le pillage de sa maison car il est Ă lâĂ©poque mobilisĂ© et, connaissant Guitry, il demande Ă surveiller sa maison. En souvenir de ce beau geste, Lana Guitry lui offre lâĂ©meraude que Sacha portait et qui trĂŽne dĂ©sormais sur la poignĂ©e de son Ă©pĂ©e dâacadĂ©micien. De son arrestation, il dit Ils mâemmenĂšrent menottĂ© Ă la mairie. Jâai cru quâon allait me marier de force ! » * Le divorce par consentement mutuel nâĂ©tant pas reconnu Ă une Ă©poque, des lettres dâinjures mutuelles Ă©taient exigĂ©es de la part des deux parties pour en obtenir le prononcĂ©. Dans les divorces concernant Sacha Guitry, notamment celui soldant son mariage avec Yvonne Printemps, on reconnaĂźt nettement sa patte dâhumoriste dans les lettres fournies par les deux » parties. * Collectionneur avisĂ©, il possĂ©dait dans son hĂŽtel particulier du Champ de Mars, 18 avenue ĂlisĂ©e-Reclus une splendide collection dâĆuvres dâart peintures, sculptures, lettres autographes... dont il souhaitait faire, Ă sa mort, un musĂ©e. Malheureusement, les Ćuvres furent peu Ă peu dispersĂ©es Ă sa mort et son projet ne vit jamais le jour. MalgrĂ© les protestations de ses nombreux amis lâhĂŽtel fut dĂ©moli en 1963. * Ă lâoccasion de son jubilĂ© sa premiĂšre piĂšce ayant Ă©tĂ© jouĂ©e le 16 avril 1902 au Théùtre des Mathurins lâĂ©diteur Raoul Solar rĂ©alisa gracieusement en 1952 un ouvrage intitulĂ© simplement 18 avenue ElisĂ©e Reclus, commentĂ© par Sacha lui-mĂȘme. Il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le catalogue de lâexposition de ses collections, exposition faite au bĂ©nĂ©fice des Ćuvres charitables de la SociĂ©tĂ© des auteurs et compositeurs dramatiques SACD. Ćuvre théùtrale * Le Page 1902, piĂšce en un acte, en vers ; * Le 1905 ; * Nono 1906, piĂšce en trois actes ; * Chez les Zoaques 1906 ; * La Clef 1907, qui connut un four ; * Petite Hollande 1908, prĂ©face dâOctave Mirbeau ; * Le Veilleur de nuit 1911 ; * La Prise de Berg-Op-Zoom 1912 ; * La PĂšlerine Ă©cossaise 1914 ; * Deux Couverts 1914 ; * Une paire de gifles ; * La Jalousie 1915 ; * Faisons un rĂȘve 1916 ; * Jean de La Fontaine 1916 ; * LâIllusionniste 1917 ; * Un soir quand on est seul 1917 ; * Deburau 1918 ; * Pasteur 1919 ; * Le Mari, la Femme et lâAmant 1919 ; * Mon pĂšre avait raison 1919 ; * BĂ©ranger 1920 ; * Je tâaime 1920 ; * Comment on Ă©crit lâhistoire 1920 ; * Le ComĂ©dien 1921 ; * Le Blanc et le Noir 1923 ; * LâAmour masquĂ© 1923, comĂ©die musicale, musique de AndrĂ© Messager ; * LâAccroche-cĆur ; * Un sujet de roman 1924, piĂšce inspirĂ©e par le couple dâOctave Mirbeau et Alice Regnault ; * Mozart 1925, comĂ©die musicale ; * DĂ©sirĂ© 1927 ; * Mariette ou Comment on Ă©crit lâhistoire 1928, comĂ©die musicale ; * Histoires de France 1929 ; * Franz Hals 1931 ; * Villa Ă vendre 1931 ; * Françoise 1932 ; * Les Desseins de la providence 1932 ; * ChĂąteaux en Espagne 1933 ; * Ă, mon bel inconnu 1933, comĂ©die musicale ; * Un tour au paradis 1933 ; * Florestan Ier, prince de Monaco 1933 ; * Le Nouveau Testament 1934 ; * Quand jouons-nous la comĂ©die ? 1935 ; * La Fin du monde 1935 ; * Le Mot de Cambronne 1936 ; * Quadrille 1937 ; * Dieu sauve le roi 1938 ; * Un monde fou 1938 ; * Youâre telling me 1939 ; * Florence 1939 ; remaniĂ© en 1949 sous le titre ToĂą * Une paire de Gilles 1939, en un acte ; * Une lettre bien tapĂ©e 1939, en un acte ; * Fausse Alerte 1939, en un acte ; * Le Bien-aimĂ© 1940 ; * Vive lâempereur 1941 ; * NâĂ©coutez pas, mesdames 1942 ; * Talleyrand 1947 ; * Aux deux colombes 1948 ; * ToĂą 1949, câest Florence remaniĂ©e ; * Tu mâas sauvĂ© la vie 1949 ; * Beaumarchais 1950, piĂšce qui nâa pas Ă©tĂ© jouĂ©e ; * Une folie 1951. Filmographie RĂ©alisateur Tous les films sauf exception en tant que scĂ©nariste, dialoguiste et acteur. Les mentions dâadaptation de ses propres piĂšces, et leurs dates de premiĂšre reprĂ©sentation, restent Ă relever. * 1914 Oscar rencontre Mademoiselle Mamageot - film de famille, inĂ©dit, de 3mn 50â - * 1915 Ceux de chez nous documentaire La premiĂšre version muette, durait 22 mn ; elle Ă©tait destinĂ©e Ă ĂȘtre projetĂ©e accompagnĂ©e dâune causerie de Guitry. La version sonorisĂ©e date de 1939. La version finale remaniĂ©e, en 1952, dure 44 mn et crĂ©dite FrĂ©dĂ©ric Rossif comme collaborateur. * 1922 Une petite main qui se place - court Ă©pilogue filmĂ© de la piĂšce homonyme - * 1934 DĂźner de gala aux ambassadeurs - Documentaire de 5 mn * 1935 Pasteur co-rĂ©alisation avec Fernand Rivers * 1935 Bonne chance ! * 1936 Le Nouveau Testament co-rĂ©alisateur Alexandre Ryder * 1936 Le Roman dâun tricheur * 1936 Mon pĂšre avait raison * 1936 Faisons un rĂȘve * 1937 Le Mot de Cambronne - moyen mĂ©trage * 1937 DĂ©sirĂ© * 1937 Les Perles de la Couronne co-rĂ©alisateur Christian Jaque * 1937 Quadrille * 1938 Remontons les Champs-ĂlysĂ©es collaboration technique Robert Bibal * 1939 Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires * 1941 Le Destin fabuleux de DĂ©sirĂ©e Clary, collaboration technique RenĂ© Le HĂ©naff * 1942 La Loi du 21 juin 1907 - court-mĂ©trage * 1944 De Jeanne dâArc Ă Philippe PĂ©tain, mise en film du livre homonyme, 58 mn * 1943 Donne-moi tes yeux * 1943 La Malibran * 1947 Le ComĂ©dien * 1948 Le Diable boiteux * 1949 Aux deux colombes * 1949 ToĂą * 1950 Tu mâas sauvĂ© la vie * 1950 Le TrĂ©sor de Cantenac * 1951 Deburau * 1951 La Poison * 1952 Je lâai Ă©tĂ© trois fois * 1953 La Vie dâun honnĂȘte homme narrateur * 1953 Si Versailles mâĂ©tait contĂ©... * 1955 NapolĂ©on * 1955 Si Paris nous Ă©tait contĂ©... * 1957 Assassins et voleurs nâapparaĂźt pas dans le film * 1957 Les trois font la paire Sacha Guitry apparaĂźt pour la derniĂšre fois, et seulement au gĂ©nĂ©rique ScĂ©nariste liste non exhaustive * Le Blanc et le Noir 1931, de Robert Florey et Marc AllĂ©gret ; * LâAccroche-cĆur 1938, de Pierre Caron ; * AdhĂ©mar ou le jouet de la fatalitĂ© 1951, rĂ©alisĂ© par Fernandel - Sacha Guitry malade nâa pas pu superviser lâĆuvre selon ses souhaits scĂ©nariste et dialoguiste seulement ; Documents * 1935 Poste Parisien Premier spectacle de tĂ©lĂ©vision de Maurice Diamant-Berger - court mĂ©trage - * 1951 Le musĂ©e de Sacha Guitry de StĂ©phane Prince - court mĂ©trage - Ćuvre Ă©crite liste non exhaustive * 1910 La Correspondance de Paul Roulier-Davenel, Dorbon aĂźnĂ©. Réédition Ăditions Bernard de Fallois, prĂ©vue janvier 2009 * 1930 Lucien Guitry racontĂ© par son fils, Raoul Solar * 1931 La Maison de Loti, Paillart * 1935 MĂ©moires dâun tricheur, Gallimard NRF * 1947 Quatre ans dâoccupation, Ăditions de lâĂlan * 1947 Toutes rĂ©flexions faites, Ăditions de lâĂlan * 1949 60 jours de prison fac-similĂ© du manuscrit, illustrĂ© par des dessins de lâauteur, Ăditions de lâĂlan * 1979 Le petit carnet rouge et autres souvenirs inĂ©dits, Perrin Adaptations de son Ćuvre Liste non exhaustive * La Vie Ă deux 1958, de ClĂ©ment Duhour, adaptĂ© de cinq piĂšces de Sacha Guitry ; DĂ©sirĂ©, LâIllusionniste, Une paire de gifles, Le Blanc et le Noir et Françoise reliĂ©es entre elles par un scĂ©nario-prĂ©texte. On ne sait quelle fut la part exacte de Guitry dans lâĂ©criture des sĂ©quences de liaison probablement le fait de son secrĂ©taire StĂ©phane Prince, lequel se cacherait derriĂšre le mystĂ©rieux Jean Martin crĂ©ditĂ© par le gĂ©nĂ©rique comme coscĂ©nariste. Les affiches du film prĂ©sentent La Vie Ă deux comme le dernier film de Sacha Guitry... lequel mourut prĂšs dâun an avant le dĂ©but du tournage ; * Au voleur ! 1960, de Ralph Habib, dâaprĂšs un scĂ©nario original inĂ©dit, remaniĂ© et adaptĂ© par Jean-Bernard Luc ; * Beaumarchais lâinsolent 1995, dâĂdouard Molinaro, adaptĂ© de la piĂšce inĂ©dite Beaumarchais et du scĂ©nario inĂ©dit lui aussi Franklin et Beaumarchais ; * DĂ©sirĂ© 1996, de Bernard Murat, dâaprĂšs la piĂšce et le film Ă©ponymes ; * Quadrille 1997, de ValĂ©rie Lemercier, dâaprĂšs la piĂšce et le film Ă©ponymes ; * Le ComĂ©dien 1996, de Christian de Chalonge, dâaprĂšs la piĂšce et toutes proportions gardĂ©es le film Ă©ponymes ; * Un crime au paradis 2000, de Jean Becker, remake du film La Poison, avec Josiane Balasko, Jacques Villeret et AndrĂ© Dussolier. Lâaction a Ă©tĂ© librement transposĂ©e du dĂ©but des annĂ©es 50 Ă lâaube des annĂ©es 80. Autres participations Sacha Guitry apparait Ă©galement en tant quâacteur au gĂ©nĂ©rique de deux films muets, lâun de 1917 Un roman dâamour et dâaventures, dont il a Ă©galement Ă©crit le scĂ©nario et lâautre de 1922 Ă©pilogue filmĂ© de sa piĂšce Une petite main qui se place, mais encore, si lâon sâen rĂ©fĂšre Ă un article paru dans la presse tĂ©lĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1980 et Ă la filmographie Ă©tablie par Claude Gauteur et AndrĂ© Bernard dans la réédition 1984 de lâouvrage Sacha Guitry, le CinĂ©ma et Moi, dans La HuitiĂšme Femme de Barbe-Bleue Blue Beardâs Eighth Wife 1938, dâErnst Lubitsch. Ces deux sources mentionnent Ă©galement la prĂ©sence de GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville aux cĂŽtĂ©s de son futur mari durant ce camĂ©o furtif. NĂ©anmoins, dans la copie de la version amĂ©ricaine sous-titrĂ©e, le couple nâapparaĂźt pas Ă lâimage. Citations * Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense dâeux, ils en diraient bien davantage ! * Je nâai quâune seule ambition ne pas plaire Ă tout le monde. Plaire Ă tout le monde câest plaire Ă nâimporte qui. * On peut faire semblant dâĂȘtre grave, on ne peut pas faire semblant dâavoir de lâesprit. * Ce qui ne me passionne pas mâennuie. * Etre riche ce nâest pas avoir de lâargent - câest en dĂ©penser. * Il y a des gens sur qui on peut compter. Ce sont gĂ©nĂ©ralement des gens dont on nâa pas besoin. * On nâest pas infaillible parce quâon est sincĂšre. * A quoi bon apprendre ce qui est dans les livres, puisque ça y est ?. * -Me donneriez-vous vingt-cinq ans ? - Si jâavais vingt-cinq ans, je les garderais pour moi. * On parle beaucoup trop aux enfants du passĂ© et pas assez de lâavenir - câest-Ă -dire trop des autres et pas assez dâeux-mĂȘmes. * Le jour oĂč lâon vous traitera de parvenu, tenez pour certain le fait que vous serez arrivĂ©. Notes et rĂ©fĂ©rences 1. â Pourquoi je suis nĂ© » [archive] 2. â a b Sacha Guitry, cinĂ©aste. Ed Yellow Now, 1993 3. â Dominique Desanti Ă©voque une rĂ©ussite maintenue Ă travers lâhorreur de lâoccupation, comme si de prĂ©server les succĂšs et le luxe de Guitry Ă©tait nĂ©cessaire Ă la survie de la France ». Sacha Guitry. Grasset, 1982 4. â Plus que les goĂ»ts mĂȘme de Guitry, câest plutĂŽt comme une vaste dĂ©clinaison de gloires que ce film apparaĂźt, et lâassez naĂŻf rempart de leur protection. » Philippe Arnaud, Sacha Guitry, cinĂ©aste. Ed Yellow Now, 1993 5. â Dominique Desanti. Sacha Guitry. Grasset, 1982 6. â Alain Keit. Le cinĂ©ma de Sacha Guitry. VĂ©ritĂ©s, mensonges, simulacres. Ăditions du CĂ©fal, 2002 7. â Cahiers du CinĂ©ma, N°173, dĂ©c. 1965, SpĂ©cial Guitry-Pagnol 8. â Sacha Guitry fut un vrai cinĂ©aste, plus douĂ© que Duvivier, GrĂ©millon et Feyder, plus drĂŽle et certainement moins solennel que RenĂ© Clair. Guitry est le frĂšre français de Lubitsch ». F. Truffaut, Les Films de ma vie. 1975 9. â Journal du Dimanche, Jeudi 10 janvier 2008
LePÚre C'était Lucien Le Fils C'était Sacha; Comme L'a Dit Sacha Guitry En Parlant De Cette Coutume, « Il Faut Bien Commencer Par Un Endroit Quelconque » ! Le PÚre, C'était Lucien, Le Fils, C'était Sacha; Le Pere C Etait Lucien Le Fils C Etait Sacha; A Servi Sacha 6 Lettres; Valet De Chambre De Sacha; PiÚce Puis Film De Et Avec Sacha
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10 Louison. Dans les années 1950, Louison était un prénom rare et exclusivement masculin, et puis au fil du temps, de plus en plus de petites
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Unmonstre sacrĂ© du cinĂ©ma et du théùtre du XXe siĂšcle AprĂšs son divorce, le comĂ©dien Lucien Guitry enlĂšve Sacha, son fils de cinq ans et lâemmĂšne plusieurs mois Ă Saint-PĂ©tersbourg oĂč il se produit devant la cour impĂ©riale. Câest ainsi que lâenfant Sacha Guitry dĂ©bute sur scĂšne devant le Tsar Nicolas. Ces premiers pas sur les planches lui donnent le goĂ»t du
Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Si, de l'au-delĂ oĂč il se trouve depuis le 24 juillet 1957, Sacha Guitry peut voir ce qui se passe sur la Terre, il doit bien s'amuser. Il y a en effet quelque humour Ă ĂȘtre aujourd'hui canonisĂ© comme auteur de films, lui qui, de son vivant, ne fut pas considĂ©rĂ© comme un cinĂ©aste _ sauf durant ses derniĂšres annĂ©es, grĂące Ă AndrĂ© Bazin et, surtout, Ă François Truffaut. En mĂȘme temps que la prĂ©sentation de son oeuvre complĂšte Ă la CinĂ©mathĂšque paraĂźt un gros ouvrage, Sacha Guitry cinĂ©aste, aux Ă©ditions Yellow Now, et qui fera dĂ©sormais autoritĂ© 1 _ mĂȘme si, de Jacques Lorcey 2 Ă NoĂ«l Simsolo 3, les Ă©tudes sur Guitry n'ont pas manquĂ©. Alexandre Pierre Georges Guitry est nĂ©, dix ans avant le cinĂ©matographe des frĂšres LumiĂšre, le 21 fĂ©vrier 1885 Ă Saint-PĂ©tersbourg, oĂč son pĂšre, le cĂ©lĂšbre acteur Lucien Guitry, se trouvait en tournĂ©e. Alexandre, dit Sacha, grandit dans la frĂ©quentation des monstres sacrĂ©s de la scĂšne dont Sarah Bernhardt. La personnalitĂ© de son pĂšre, qu'il admira, puis avec lequel il se brouilla pour mieux se rĂ©concilier quatorze ans plus tard, le marqua pour toujours. Il se voulut acteur, puis se mit Ă Ă©crire. Sa premiĂšre piĂšce en trois actes, son premier succĂšs, date de 1906. C'est Nono, bientĂŽt suivi de Chez les zoaques. Il va dominer le théùtre de boulevard des annĂ©es 20 et 30, auteur-acteur quelque peu narcissique, dont l'esprit brillant, souvent caustique, passe Ă merveille dans des oeuvres sur l'amour, le couple il aura plusieurs Ă©pouses, la jalousie, les moeurs bourgeoises, les chroniques historiques aussi. Guitry connaĂźt le cinĂ©ma Ă ses dĂ©buts, quand les monstres sacrĂ©s de la scĂšne se produisent dans les mises en scĂšne théùtrales du " film d'art ". D'oĂč son idĂ©e de filmer des artistes dans l'exercice de leur crĂ©ation, pour en conserver des tĂ©moignages documentaires. Avec une camĂ©ra d'amateur, il tourne, en 1914-1915, ce qui deviendra Ceux de chez nous. On y voit Auguste Rodin, Me Henri Robert, Claude Monet, AndrĂ© Antoine, Camille Saint-Saens, Edouard Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Lucien Guitry. Des scĂšnes brĂšves, des gros plans, un document historique considĂ©rable qui sera remaniĂ© pour la tĂ©lĂ©vision en 1952 par FrĂ©dĂ©ric Rossif, avec des images de Sacha Guitry Ă son bureau et un commentaire parlant. Le parlant, justement, c'est ce qui lui manque lors de cette premiĂšre tentative, et durant toutes les annĂ©es 20. DĂšs qu'on peut enregistrer la parole, Sacha Guitry dont une piĂšce, le Blanc et le Noir, est filmĂ©e par Robert Florey et Marc AllĂ©gret se tourne vers le cinĂ©ma. Sans abandonner pour autant le théùtre, il ne le lĂąchera plus jusqu'Ă la fin de ses jours. S'Ă©lĂšve alors la fameuse querelle du " théùtre filmĂ© ", dont le grand public se moque Ă©perdument mais qui soulĂšve polĂ©miques et passions chez les critiques. Sacha Guitry, dit-on, ne se sert du cinĂ©ma que pour enregistrer ses piĂšces, prolonger leur succĂšs en cherchant un nouveau public et se montrer, lui, davantage encore. C'est faux. DĂšs 1935, aprĂšs Pasteur, piĂšce portĂ©e Ă l'Ă©cran en mĂ©moire de son pĂšre qui l'avait créée en 1919, Guitry Ă©crit directement pour le cinĂ©ma une comĂ©die originale, Bonne Chance, chant d'amour Ă Jacqueline Delubac, qu'il a Ă©pousĂ©e aprĂšs son divorce d'avec Yvonne Printemps, hymne Ă la joie de vivre, au bonheur Ă deux, film en libertĂ© rĂ©cemment redĂ©couvert le Monde datĂ© 18-19 avril. Viendront ensuite le Nouveau Testament et bon nombre de piĂšces, mais aussi, en 1936, le Roman d'un tricheur, film racontĂ© " Ă la premiĂšre personne " par Guitry. Au lieu de dĂ©couper son livre, MĂ©moires d'un tricheur, en scĂšne dialoguĂ©es, il l'a conçu comme un commentaire d'images filmĂ©es qui viennent, elles, Ă l'appui des mots. Une seule fois, et c'est d'un humour Ă©tourdissant, il introduit dans ce rĂ©cit une scĂšne dialoguĂ©e, offrant Ă Marguerite Moreno un rĂŽle et un texte comme au théùtre. Il y eut, certes, au dĂ©but des annĂ©es 30, une inflation d'adaptations de piĂšces de théùtre et d'opĂ©rettes. Et des cinĂ©astes en rĂ©action contre cette " dĂ©cadence " par rapport Ă l'art muet. Mais le rĂŽle des scĂ©naristes-dialoguistes devient vite prĂ©pondĂ©rant. Sauf chez quelques vĂ©ritables auteurs de films, comme RenĂ© Clair, les productions des annĂ©es 30 sont extrĂȘmement bavardes et, le plus souvent, interprĂ©tĂ©es par des acteurs et des actrices qui, formĂ©s au théùtre, ne dĂ©daignent pas d'apporter leur talent Ă l'Ă©cran, pour des rĂŽles secondaires et des petits rĂŽles. Nouvel espace pour les dialogues C'est dans ce contexte que Sacha Guitry transpose son univers personnel, avec les interprĂštes qu'il aime et estime, qui savent comment il faut jouer pour lui et avec lui. Avec, aussi, le soutien d'une des personnalitĂ©s les plus fortes du cinĂ©ma de l'Ă©poque le producteur Serge Sandberg. A de rares exceptions prĂšs, cet homme d'affaires produisit les films de Guitry jusqu'en 1939. Il avait misĂ© sur lui en toute amitiĂ©. Le Roman d'un tricheur connut un succĂšs international et impressionna Orson Welles... A cette Ă©poque, Guitry dĂ©clarait Ă l'hebdomadaire Pour vous " Théùtre et cinĂ©ma sont deux mĂ©tiers diffĂ©rents, dont je ne saurais mieux comparer les rapports qu'Ă ceux qui existent entre la peinture et la gravure. Sur l'Ă©cran, nous gravons nos rĂŽles. " A revoir et entendre des oeuvres directement inspirĂ©es du théùtre comme Faisons un rĂȘve, DĂ©sirĂ©, Quadrille, on se rend compte que, toute rĂ©vĂ©rence gardĂ©e Ă Marcel CarnĂ© et au rĂ©alisme poĂ©tique, les dialogues de PrĂ©vert pour Quai des brumes ont terriblement vieilli par rapport aux dialogues de ces piĂšces-lĂ . PortĂ© par l'image du " maĂźtre ", le cinĂ©ma de Guitry a inventĂ© un nouvel espace pour les dialogues et les acteurs. Nombre de cinĂ©astes commerciaux ou carrĂ©ment mĂ©diocres faisaient, dans les annĂ©es 30, un usage abusif du travelling et du panoramique _ comme, de nos jours, on le fait du zoom _ pour montrer que leur travail Ă©tait du cinĂ©ma. Guitry se reposait sur ses Ă©quipes techniques et ne faisait pas bouger la camĂ©ra sans nĂ©cessitĂ©. Et Jacqueline Delubac, en laquelle les critiques des annĂ©es 30 ne voyaient qu'une jolie femme, est une actrice Ă©tonnamment moderne, la pierre de touche des films parlants jusqu'Ă l'Accroche-coeur, que Guitry fit rĂ©aliser par Pierre Caron au moment oĂč ils allaient, elle et lui, se sĂ©parer. Ni GeneviĂšve de SĂ©rĂ©ville _ GeneviĂšve Guitry Ă l'Ă©cran _ ni, aprĂšs la guerre, Lana Marconi ne l'Ă©galeront et ne seront, d'ailleurs, aussi bien servies par ce qu'il leur propose. Fantaisies historiques Le feu d'artifice d'avant-guerre se conclue par l'Ă©blouissant bouquet de Ils Ă©taient neuf cĂ©libataires 1939, vrai bijou de la comĂ©die satirique moderne, film Ă histoires plutĂŽt qu'Ă sketches, inventĂ© pour le cinĂ©ma sur une idĂ©e comme Guitry seul peut en avoir, en hommage, semble-t-il, Ă Elvire Popesco. Sous l'Occupation, il rĂ©ussit une autre fantaisie, le Destin fabuleux de DĂ©sirĂ©e Clary, dit adieu Ă sa quatriĂšme Ă©pouse, GeneviĂšve, dans un beau drame sentimental, Donne-moi tes yeux, tourne un regrettable De Jeanne d'Arc Ă Philippe PĂ©tain, s'Ă©gare dans l'Ă©vocation de la Malibran. ArrĂȘtĂ© Ă la LibĂ©ration puis relĂąchĂ© soixante jours plus tard, il est reniĂ© par Paris Ă l'exception d'une poignĂ©e d'amis et tenu, pendant des annĂ©es, pour quantitĂ© nĂ©gligeable. Il filme ses piĂšces, le ComĂ©dien, le Diable boiteux, Deburau, d'autres encore, toujours avec le mĂȘme talent. Il Ă©crit une fable moderne, le TrĂ©sor de Cantenac, conçue et rĂ©alisĂ©e Ă la maniĂšre du Roman d'un tricheur. Son inspiration se fait plus Ăąpre, plus noire, pour les films oĂč il cĂšde sa place d'acteur Ă Michel Simon la Poison 1951, la Vie d'un honnĂȘte homme 1952. Ces chefs-d'oeuvre d'un genre nouveau attirent sur lui l'attention de la jeune critique. VoilĂ qu'on le redĂ©couvre ! Mais c'est par ses fantaisies historiques Ă grand spectacle qu'il retrouve considĂ©ration officielle et popularitĂ©. Guitry, qui avait de l'Histoire un goĂ»t et une conception Ă la Dumas, avait Ă©crit et rĂ©alisĂ© en 1937 les Perles de la couronne flanquĂ© de Christian-Jaque pour la direction technique, car le budget est important. Il y incarnait l'Ă©crivain Jean Martin, racontant cette histoire cabriolant Ă travers les Ă©poques, commentĂ©e souvent, dialoguĂ©e parfois, le mĂȘme rĂ©cit Ă©tant fait par un Anglais et un Italien. Dans Remontons les Champs-ElysĂ©es 1938, il renchĂ©rit sur l'invention et la fantaisie en faisant raconter par un instituteur sexagĂ©naire, qui lui ressemble Ă s'y mĂ©prendre, l'histoire du Rond-Point et de l'avenue, qui se confond avec celle d'une famille française teintĂ©e de sang royal ; dans ce film, il interprĂšte Ă nouveau plusieurs personnages. Bien que moins inventifs et moins vifs que les fantaisies historiques d'avant guerre, Si Versailles m'Ă©tait contĂ© 1953, NapolĂ©on 1954 et Si Paris m'Ă©tait contĂ© 1955, oĂč il va tenir ses derniers rĂŽles d'acteur, amĂšnent une rĂ©vision des valeurs encore timides. Elle prendra plus d'importance avec les oeuvres grinçantes de la fin Assassins et voleurs 1957, avec Poiret et Serrault, Les trois font la paire 1957, avec Michel Simon et Philippe Nicaud. A prĂ©sent, il est au panthĂ©on du cinĂ©ma, , aprĂšs avoir Ă©tĂ© redĂ©couvert grĂące aux diffusions tĂ©lĂ©visuelles et aux Ă©ditions vidĂ©o de ses films. Oui, lĂ oĂč il est, il doit bien s'amuser... Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. 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Programme de la rĂ©trospective Dino Risi Le Klaxon du fanfaron est un texte de Marc-Ădouard Nabe, publiĂ© dans le programme de la CinĂ©mathĂšque française, en mars 2003, Ă lâoccasion de la rĂ©trospective Dino Risi. â CâĂ©tait une fĂȘte quand mon pĂšre mâemmenait voir un film italien, comme si nous allions au musĂ©e admirer un tableau de la Renaissance, sauf que lĂ , les tableaux nâĂ©taient pas encore secs et quâils faisaient rire. La grande Ă©poque de la comĂ©die italienne mâa toujours rapÂpelĂ© celle du quattrocento une bousculade de gĂ©nies pendant un temps donnĂ©, et puis plus rien. Au seul nom de Dino Risi, ce sont des flashs hilarants qui me revienÂnent. Tous ses films sont avant tout des scĂšnes restĂ©es dans ma mĂ©moire comme si jây avais assistĂ© en vrai... Sexe fou, Moi la femme, Les Monstres... Un mari est tellement plongĂ© dans sa tĂ©lĂ© quâil ne sâaperçoit pas que sa femme couche avec son amant dans la piĂšce dâĂ cĂŽtĂ©... Un plouc sâamourache dâun travesti qui se trouve ĂȘtre son frĂšre... Un menÂdiant, pour ne pas perdre lâinfirmitĂ© rentable de son compĂšre aveugle, ne lui dit pas quâil pourrait guĂ©rir... Un ancien boxeur va en convaincre un autre qui sâĂ©tait rangĂ© de remonter sur le ring celui-ci se retrouvera sur un fauteuil roulant, en train dâapplaudir les cerf-volants sur la plage... Sono contento ! » Ăa, des monstres ? Lorsquâon est confrontĂ© plus tard aux vraies monsÂtruositĂ©s de la sociĂ©tĂ© de dĂ©composition, on se rend compte que les monstres de Risi sont des anges ! Sans scrupules devant la pauvretĂ©, la maladie, la vieillesse, les enfants, les femmes, les vieillards, et bien sĂ»r lâĂglise, la Police et la Justice, ils ont surtout une grĂące que ceux de la rĂ©alitĂ© » semblent se vanter pathĂ©tiquement dâĂȘtre dĂ©pourvus. Il faut dire aussi quâon rencontre rarement des escrocs, des menteurs et des tricheurs de la trempe de Vittorio Gassman, Alberto Sordi, Nino Manfredi, et Ugo Tognazzi ! Que serait Dino Risi sans ses quatre acteurs ? Ils en font des tonnes, mais ces tonnes ne pĂšsent rien. Quand jâavais seize ans, chaque apparition dâun de ces gĂ©ants sur un Ă©cran de cinĂ©ma Ă©tait un renforcement de ma joie de vivre. Voir Manfredi tomber amoureux dâune poule, ou Monica Vitti faire les yeux doux Ă des hommes qui ne voient pas quâelle est aveugle nâa pas Ă©tĂ© sans influence sur mon goĂ»t du mauvais goĂ»t. Ces sketches scabreux furent mes contes de fĂ©e. Je les racontais Ă mon tour Ă qui ne voulait pas les entendre. Le cinĂ©ma de Risi est grinçant, car on entend, de la salle, les rouages mal huilĂ©s des sentiments des protagonistes. Les hommes sont peut-ĂȘtre des monstres, mais les femmes sont des bombes. Mufles et pin-ups ! Jâai vĂ©cu ma pubertĂ© avec trois femmes Laura Antonelli, Agostina Belli et Ornella Muti... Comment souffrir ensuite ? Quand il quitte le conte cruel, Dino Risi se lance dans lâodyssĂ©e minable. Chaque Ă©popĂ©e est celle dâun humiliĂ© le petit journaliste dâUne vie difficile, le petit coiffeur de Fais-moi trĂšs mal mais couvre-moi de baisers ou le petit poissonnier de la CarriĂšre d'une femme de chambre sont des pĂ©quenots jaloux larguĂ©s par une stronza sexy qu'ils sont prĂȘts Ă tout pour retrouver dans les cloaques de la sociĂ©tĂ©. Ils ont lâair complĂštement inconscients de ce quâils provoquent et se laissent bouffer par les circonsÂtances malencontreuses. Plus ils essaient dâarranger les choses, plus ça sâaggrave. Leur nature change au fur et Ă mesure de leur voyage au pays du cynisme ambiant. Le timide devient goujat, lâidĂ©aliste combinard, le pathĂ©tique antipathique et vice versa... Les situations abracadabrantes ne se dĂ©nouent que par une ironie du sort, pour ne pas dire du sordide. Sordi, fils faux-cul, accompagne sa mĂšre Ă lâasile en lui faisant croire Ă une promenade champĂȘtre et lâabandonne aux infirmiĂšres Traitez-la comme une reine ! ». Manfredi finit par faire cocu un sourd-muet avant de lui rendre involontairement lâouĂŻe et la parole grĂące Ă une tentative ratĂ©e dâassassinat. Câest Tognazzi qui joue lâinfirme aussitĂŽt guĂ©ri, et croyant Ă un miracle, il entre dans les ordres pour faire voeu de silence ! ... GassÂman, accusĂ© en mal dâalibi, fait interner son vieux pĂšre qui refusait de se fendre dâun faux tĂ©moignage en sa faveur... ComĂ©dien cocaĂŻnomane, fasciste flamboyant, prophĂšte mĂ©diatique, archevĂȘque coquet ou riche automobiliste prenant des jeunes en stop pour mieux les insulter Gassman est tous les hommes. En aveugle outrageusement Ă lâaise dans Parfum de femme un des cinq, six chefs-dâĆuvre de Risi, il est sublimement odieux. Et mĂȘme si on faisait semblant, le temps dâun texte, de lâouÂblier dans Le Fanfaron, on ne pourrait pas ĂŽter de ses tympans le son du Klaxon de la Lancia dĂ©capotable quâil conduit Ă toute berzingue sur les routes Ă©blouissantes de soleil de lâItalie de lâĂąge dâor. Grandiose Gassman ! Dans Cher papa, il est un homme dâaffaires salaud, mĂ©prisant, offensant. II terrorise tout le monde ses associĂ©s, sa famille, son personnel. Et trĂšs vite, on sâaperçoit que son entourage ne vaut pas mieux sa femme suicidaire, sa maĂźtresse intĂ©ressĂ©e, son majordome roublard, sa fille bouddhiste qui lui crache dessus, et surtout son fils. Petit bourgeois rĂ©voltĂ© », il traĂźne avec ses copains gauchistes dont le pĂšre apprend, en feuilletant rĂ©guliĂšrement son journal intime, quâils prĂ©parent un attentat contre un grand ponte infect du capitalisme dont le nom commence par un P »... P » comme papa », bien sĂ»r... Câest lors dâun voyage Ă lâĂ©tranger que le cher papa se fait tirer dessus. Il revient Ă Rome paralysĂ©, et volontairement muet, sans doute parce quâil vaut mieux ĂȘtre muet que dâentendre tout ce que les pourris osent dire de lui. Ă la fin, le fils retrouve son pĂšre. Enfin, ils peuvent pleurer ensemble en silence ils se sont compris. Câest tout ce quâils avaient besoin dâĂȘtre lâun Ă lâautre indispensables. Le fils ne demandait quâĂ pousser le fauteuil roulant de son pĂšre dĂ©truit, et le pĂšre ne demandait quâĂ ĂȘtre poussĂ©, dĂ©truit, par son fils. Cher papa est un des plus durs Risi. Tous les dĂ©tails psychologiques sont oppressants par leur cruautĂ©. Les hippies baffrant, le gourou Ă©picurien, le psy croyant, la mondaine pute, le pĂšre plouc... Chaque perÂsonnage est verrouillĂ© dans son Ă©goĂŻsme, et il nâa mĂȘme pas le droit dâen souffrir pour quâon le plaigne. Aucune belle personne » chez Risi, tous sont de laides personnes »... Plus grand chose de rigolo Ă peine le hold-up, vu comme une formalitĂ© bancaire, arrache-t-il un Ă©clat de rire. Le reste est sombre comme la vie, sombre comme la vĂ©ritĂ©. Rapt Ă lâitalienne est finalement lâhistoire de la dĂ©chĂ©ance dâun con. Sa descente aux enfers nâest pas celle quâon croit câest dans les cercles infernaux de sa propre mĂ©diocritĂ© quâil descend, Rapt Ă l'Italienne, non plus, nâest pas un film comique. Risible, non ; risien », si. Des terroristes gauchistes ont pris en otage Mastroianni, un bourgeois industriel, et sa maĂźtresse. Ils fuient sous le regard ignoble des camĂ©ras de tĂ©lĂ©. Le cynisme est partout du cĂŽtĂ© des mĂ©dias, bien sĂ»r, et de la police, mais aussi dans la famille riche du raptĂ© du pĂšre au fils, en passant par la femme qui rechigne Ă donner la rançon. Sans oublier les ravisseurs dont le gros chef finira par se taper la ravissante maĂźtresse de lâotage, ravie ! Tout est lĂ pour quâon prenne en pitiĂ©, sinon en considĂ©Âration, la victime » qui multiplie les bourdes, mais câest impossible, Mastroianni est non seulement trop bĂȘte, mais trop lĂąche, et de plus en plus, tout au long du film. Rapt Ă lâitalienne est finalement lâhistoire de la dĂ©chĂ©ance dâun con. Sa descente aux enfers nâest pas celle quâon croit câest dans les cercles infernaux de sa propre mĂ©diocritĂ© quâil descend, jusquâĂ se faire canarder au milieu de ses kidnappeurs par des flics dĂ©guisĂ©s en curĂ©s accompagnant un faux enterrement ! Sauf que lui, personne ne le regarde, personne ne le photographie, il finit recroquevillĂ© contre une voiture, comme un fĆtus mort, encore plus minus que lorsquâil vivait dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale... Plus on avance, moins il y a de choses drĂŽles dans les films de Dino Risi. Ses acteurs comiques tournent au poignant. La plus violente confrontation entre deux de ses monstres a lieu dix ans aprĂšs La Marche sur Rome, dans Au nom du peuple italien. Tognazzi est un petit juge zĂ©lĂ© incorruptible acharnĂ©, et Gassman un infect spĂ©culateur accusĂ© du meurtre dâune call-girl. Risi a donnĂ© lĂ son Crime et ChĂątiment mĂȘme rapports ambigus entre les deux protagonistes quâentre Raskolnikov et Porphyre chez DostoĂŻevski. Sur la plage sous la pluie, Gassman tombe dans le piĂšge de Tognazzi inventant, pour le confondre, de faux souvenirs dâenfance communs. ConvoquĂ© en plein bal masquĂ©, le capitaliste arrive dĂ©guisĂ© en centurion de pacotille dans le bureau du magistrat et dĂ©ploie un langage quasi-dalinien. Le ridicule bien rĂ©el de la situation annonce dâailleurs lâhallucination finale du juge qui voit un Gassman aux cents visages se multiplier parmi les supporters enflammĂ©s dâun match de foot. Un rĂ©alisateur normal français, par exemple, une fois le spectateur ayant compris que lâindustriel nâavait pas commis le meurtre, aurait Ă coup sĂ»r donnĂ© un sursaut de morale au juge qui, sâapercevant quâil devenait fou, aurait choisi de blanchir le non coupable. Ici, câest le contraire Tognazzi hĂ©site, puis brĂ»le le journal intime de la victime qui prouvait lâinnocence de Gassman. Son intĂ©gritĂ© se dĂ©sintĂšgre le fantasme de justice est plus fort que la vĂ©ritĂ©. Dans tous ces films, les fantasmes seront de plus en plus visibles. Ămes perdues, Dernier amour, Valse dâamour les titres des moins connus le soulignent. Risi fait ça trĂšs bien il accroche soudain aux regards songeurs de ses personnages des plans qui leur Ă©chappent. Ce ne sont pas des flash-backs, mais des absences prĂ©monitoires... La grande morbiditĂ© est dĂ©chirante. Lâun des derniers Risi est ce FantĂŽme dâamour que jâai vu dix fois au moins. CrĂ©pusculairement parfait. Avec la clarinette de Benny Goodman en prime... Ce film me bouleverse, je ne sais presque pas pourquoi. On est loin des poules, des trains, et autres monstres... Le monstre ici, câest lâamour qui fait ressusciter les morts... II faut le voir en version française, parce que les acteurs se douÂblent eux-mĂȘmes, avec leur accent. Romy Schneider va bientĂŽt mourir, Mastroianni est de plus en plus voĂ»tĂ© ils sont splendides et comme perdus dans cette histoire qui les dĂ©passe un homme retrouve par hasard son grand amour dâil y a vingt ans, mais câest devenu une petite vieille mĂ©connaissable, laide et malade Romy, grimĂ©e, magnifique. Il la revoit ensuite, belle et fragile, croit la voir se noyer sous ses yeux, veut la revoir. Tout est dans les visions de lâhomme hallucinĂ© par son amour mort. Un fantĂŽme de femme miraculĂ©e par le dĂ©sir intact... Puissance du souveÂnir qui par bouffĂ©es peut ramener la vie dans le prĂ©sent crevĂ© ! Le paraÂnoĂŻaque dĂ©pressif a raison de la perdre pour ne plus la quitter, jamais. II nâaura plus peur dâavancer dans le brouillard de Pavie. II nâaura plus peur dâĂȘtre hantĂ© par celle qui ne sera plus. Il nâaura plus peur de rien. Câest vachement bien comme on disait dans les annĂ©es 70 de revoir les films de Dino Risi tournĂ©s Ă la fin du siĂšcle dernier, car ils ne parlent que de ce qui prĂ©occupe le dĂ©but de ce siĂšcle-ci la peur. Pas seulement celle du terrorisme, parfaitement compris, mais celle qui suinte de toutes les Ăąmes. Tout le monde a peur en 2003. Quand les films de Dino Risi sont sortis, ceux qui les comprenaient riaient jaune. Aujourdâhui, ils feront pleurer noir ceux qui vont les dĂ©couvrir. v mMarc-Ădouard Nabe Livres Au rĂ©gal des vermines 1985 Zigzags 1986 Chacun mes goĂ»ts 1986 LâĂme de Billie Holiday 1986 Le Bonheur 1988 La Marseillaise 1989 Nabeâs Dream 1991 Rideau 1992 Visage de Turc en pleurs 1992 LâĂge du Christ 1992 Petits Riens sur presque tout 1992 Nuage 1993 Tohu-Bohu 1993 Lucette 1995 InchâAllah 1996 Je suis mort 1998 Oui 1998 Non 1998 Loin des fleurs 1998 et autres contes 1999 Coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau 1999 Kamikaze 2000 Une lueur dâespoir 2001 Alain Zannini 2002 Printemps de feu 2003 Jâenfonce le clou 2004 Le Vingt-septiĂšme Livre 2009 LâHomme qui arrĂȘta dâĂ©crire 2010 LâEnculĂ© 2011 Les Porcs, tome 1 2017 Aux Rats des pĂąquerettes 2019 Les Porcs, tome 2 2020 Presse LâĂternitĂ© 1997 La VĂ©ritĂ© 2003 - 2004 Patience 2014 - ... Nabeâs News 2017 - ... Tracts Zidane la racaille 24 juillet 2006 Les Pieds-blancs 24 octobre 2006 Et Littell niqua Angot 23 novembre 2006 ReprĂ©sente-toi 1er mars 2007 La Bombe de DamoclĂšs 31 octobre 2007 Le ridicule tue 15 avril 2008 Sauver SinĂ© 20 septembre 2008 Enfin nĂšgre ! 20 janvier 2009 Textes non repris en volume La jambe 1986 Le courage de la fraĂźcheur 1996 La jungle de Bernstein 1997 Les tournesols de Dovjenko printemps 2000 Celui qui a dit merdre mai 2000 Mon meilleur ami juin 2000 Anthony Braxton Ă lâinstant mĂȘme juillet 2000 La mort de Polac automne 2000 LâathlĂšte de la larme 2001 Le Klaxon du fanfaron mars 2003 Le flou Baumann octobre 2003 Glauque Story novembre 2003 Je ne faisais pas bander Chanal novembre 2003 En 2003, le cinĂ©ma est mort dĂ©cembre 2003 LâOiseau de Dieu mars 2005 Le temps de voir et dâaimer Sirk octobre 2005 Le HuitiĂšme ciel dĂ©cembre 2005 Le vingt-septiĂšme Chorus juillet 2006 Pastorius Ă mort septembre 2007 Le cauchemar Duvivier mars 2010 LâEunuque raide printemps 2014 Sur Nabe LâAffaire Zannini 2003 Morceaux choisis 2006 Personnages Georges Ibrahim Abdallah Albert Algoud François Angelier Christine Angot Thierry Ardisson Paco Balabanov Bernard Barrault Jean-Dominique Bauby Guy Bedos Nicolas Bedos FrĂ©dĂ©ric Beigbeder Georges-Marc Benamou Pierre BĂ©nichou Jackie Berroyer Jean-Paul Bertrand Patrick Besson Paul-Ăric Blanrue François Boisrond Laurent Bosc GĂ©rard Bourgadier Anthony Braxton Lisa Bresner Renaud Camus Bertrand Cantat Carlos Catsap RenĂ© Caumer François Cavanna Pierre Chanal Jacques Chancel Professeur Choron Kenny Clarke Pierre ClĂ©menti Thomas Codaccioni Daniel Cohn-Bendit Lucien Combelle Marc Dachy Maurice G. Dantec Guy Debord Bruno Deniel-Laurent Lucette Destouches DieudonnĂ© Docteur Marty » Pierre Drieu la Rochelle Marc Dutroux RaffaĂ«l Ănault Jean-Paul Enthoven Robert Faurisson Caroline Fourest Michel Fourniret Ămilie FrĂšche Fred Bruno Gaccio Charles de Gaulle Dominique Gaultier GĂ©bĂ© François Gibault Franz-Olivier Giesbert Lucien Grand-Jouan Jean-Edern Hallier NaĂŻma Haoulia Jacques Henric HĂ©lĂšne Hottiaux Michel Houellebecq Fabienne Issartel Alexandre Jardin Herbert von Karajan Lee Konitz Salim LaĂŻbi Claude Lanzmann Jean-Pierre LĂ©aud Jean-Jacques LefrĂšre Bernard-Henri LĂ©vy Thierry LĂ©vy Ădouard Limonov Jean-Pierre Lindenmeyer Yves Loffredo Eddy Louiss François LâYvonnet Amandine Maudet Laure Merlin GĂ©rard Miller François Mitterrand Yann Moix Ăric Naulleau Claude Nougaro Hector Obalk FrĂ©dĂ©ric Pajak Francis Paudras Jean-Jacques Pauvert Docteur Petiot Isidora Pezard Daniel Picouly Emmanuel Pierrat Pin-Up Bernard Pivot Edwy Plenel BenoĂźt Poelvoorde Michel Polac Tariq Ramadan Luis Rego François Rilhac Sonny Rollins Antoine Rosselet Liliane RovĂšre Laurent Ruquier LĂ©o Scheer Constantino Serra SinĂ© Philippe Sollers Alain Soral RaphaĂ«l Sorin Albert Spaggiari Morgan SportĂšs Dominique Strauss-Kahn Jean-François StĂ©venin FrĂ©dĂ©ric TaddeĂŻ Bertrand Tavernier Diane Tell Denis Tillinac Delfeil de Ton Jacques VergĂšs Audrey Vernon David Vesper Arnaud Viviant Philippe Vuillemin Marc Weitzmann Mae West Willem Georges Wolinski Sam Woodyard StĂ©phane Zagdanski Alexandre Zannini Marcel Zannini Paraskevi Zannini Suzanne Zannini Achille Zavatta Inspirations Arletty Antonin Artaud Albert Ayler Chet Baker Count Basie Jean-Michel Basquiat Oussama Ben Laden Georges Bernanos Henry Bernstein Art Blakey LĂ©on Bloy Constantin Brancusi Clifford Brown Louis-Ferdinand CĂ©line Maria Callas Charlie Chaplin JĂ©sus-Christ Paul Claudel Henri-Georges Clouzot Robert Crumb Ornette Coleman Salvador DalĂ Dante Alighieri Miles Davis Alain Delon Eric Dolphy Fiodor DostoĂŻevski Marcel Duchamp Duke Ellington Rainer Werner Fassbinder Fournier Slim Gaillard Mohandas Karamchand Gandhi Jean Genet Roger Gilbert-Lecomte Jean-Luc Godard Nicolas Gogol Freddie Green Che Guevara Sacha Guitry Mansur al-Hallaj Coleman Hawkins Jimi Hendrix Billie Holiday Harry Houdini Milt Jackson Ahmad Jamal James Joyce Franz Kafka Oum Kalthoum Elia Kazan Rahsaan Roland Kirk Akira Kurosawa Steve Lacy Comte de LautrĂ©amont D. 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ARome, lâInfante Beatriz dâEspagne, fille du roi Alphonse XIII et de la reine Victoria EugĂ©nie dâEspagne Ă©pousait le 14 janvier 1935 le prince Alessandro Torlonia di Civitelli Cesi. La mariĂ©e portrait une couronne de fleurs dâoranger. De nombreux membres du Gotha assistait Ă la noce dont le roi et la reine dâItalie.
Il y a 80 ans aujourdâhui, câĂ©tait au tour dâun pionnier du cinĂ©ma parlant de nous quitter dans la misĂšre, comme beaucoup dâautres lâon songe Ă Georges MĂ©liĂšs et Emile Cohl disparus la mĂȘme annĂ©e Auguste Baron. * Nous vous proposons donc dâabord lâarticle paru dans Pour Vous âUne visite au âpĂšreâ français du parlantâ par Jean Portail en 1931 Ă une Ă©poque oĂč Baron, oubliĂ©, venait dâĂȘtre redĂ©couvert. Puis, nous vous proposons plusieurs articles nĂ©crologiques paru dans Paris Soir et Le Figaro. Ă la suite de la mort dâAuguste Baron le 31 mai 1938. * Finalement, pour mieux vous aider Ă cerner qui Ă©tait Auguste Baron, nous vous proposons lâarticle âAuguste Baron, le 3 avril 1896, inventait le graphonoscope »â paru dans Le Petit Journal en 1938, suivi de âAuguste Baron, prĂ©curseur du film parlantâ paru dans Le Figaro en 1937, et pour finir âLâinventeur du cinĂ©ma parlĂ©, M, Auguste Baron, aveugle et ĂągĂ© de 78 ans, a-t-il trouvĂ© le cinĂ©ma en relief ?â paru en 1933 dans lâIntransigeant. * Pour clore cet hommage, nous aimerions signaler que Auguste Baron fĂ»t Ă©galement honorĂ© dans un article de CinĂ©magazine, datant de juin 1933 âLe CinĂ©ma parlant est nĂ© avec ce siĂšcleâ et dont nous aimerions citer le dernier paragraphe Bien sĂ»r, nous ne prĂ©tendons pas que Baron ait créé de toutes piĂšces le cinĂ©ma parlant de nos jours. Dâautres sont venus aprĂšs lui qui, sâinspirant de ses travaux et sâaidant des dĂ©couvertes incessantes du progrĂšs, ont peu Ă peu créé cet enregistrement du son sur film dont la perfection technique tient aujourdâhui du prodige. Mais nâest-il pas Ă©crit quelque part quâil est nĂ©cessaire de dissocier pour inventer ? Câest pourquoi il Ă©tait juste de fouiller le passĂ© afin de rendre hommage Ă lâinnovateur, au prĂ©curseur vĂ©ritable du cinĂ©ma parlant que demeure Auguste Baron, et de lui apporter publiquement lâassurance de notre souvenir Ă©mu et de notre admiration reconnaissante. » Celui qui a Ă©crit ces lignes Ă©tait⊠Marcel CarnĂ©. * Bonne lecture ! Une visite au âpĂšreâ français du parlant paru dans Pour Vous du 14 avril 1931 Pour Vous du 14 avril 1931 On ne dispute plus Ă M. Auguste Baron la paternitĂ© du premier film parlant. Son brevet, qui date du 3 avril 1896, est antĂ©rieur de plus dâun lustre Ă tout autre. Mais la science nâenrichit pas toujours son homme. Du moins, si M. Auguste Baron a gagnĂ© beaucoup dâargent, sa façon poĂ©tique de comprendre la vie ne lui a-t-elle pas permis dâamasser, pour le moment de la retraite, ces fonds sans lesquels il nâest pas de vĂ©ritable indĂ©pendance. M. Auguste Baron est pensionnaire de lâInstitution Gaglignani, Ă Neuilly-sur-seine. Câest lĂ que jâai Ă©tĂ© le voir un de ces derniers jours de printemps qui faisaient de la belle demeure Ă pelouses et Ă larges allĂ©es de gravier, une maniĂšre de gai chĂąteau. AprĂšs un escalier⊠puis un couloir⊠et un autre couloir cirĂ©s Ă Ă©blouir, et ailĂ©s, ça et lĂ , dâune blanche cornette de religieuse de Saint-Vincent-de-Paul, jâarrive au petit appartement que le savant occupe avec sa femme. Il est seul. Mme Baron est prise au dehors, quotidiennement, jusquâau soir, par ses leçons de piano. Lâinventeur â qui a juste, ce jour-lĂ , soixante-seize ans â est aux trois-quarts aveugle un Ćil complĂštement Ă©teint, lâautre si affaibli quâil ne distingue pas si un nouveau venu, chez lui, est homme ou femme. Mais lâesprit a gardĂ© toute sa vive souplesse. â Ah ! ah ! vous venez pour le parlant⊠Mon Dieu oui ! Jâen suis le pĂšre. Ce fut Ă la suite dâun pari. Un de mes amis, le professeur Marey, de lâInstitut, mâavait mis au dĂ©fi. Je mâoccupais dĂ©jĂ de cinĂ©ma. Il y a une chose Ă laquelle vous nâarriverez jamais, me dit M. Marey, câest Ă synchroniser lâimage et le son⊠». Jâaffirmai que si, et je poussai mes recherches dans cette voie. Il me fallut tout inventer la perforeuse servant au repĂ©rage, une camĂ©ra â comme on dit maintenant â une camĂ©ra spĂ©ciale, un phonographe tout aussi spĂ©cial â et il me fallut aller chercher en Angleterre, Ă la maison Blair, des pellicules dâune longueur suffisante⊠Enfin, aprĂšs un labeur de sept ans, en 1899, je fis, au professeur Marey et Ă quelques autres personnalitĂ©s, la prĂ©sentation du premier film parlant avec synchronisme parfait de lâimage et du son. â Pourquoi nâavoir pas industrialisĂ© votre dĂ©couverte ? â A cette Ă©poque, on ne connaissait pas le disque. Jâemployais le rouleau de cire qui ne permettait pas les duplicata⊠A chaque fois que jâeusse vendu le mĂȘme film, il mâeĂ»t fallu faire revenir les acteurs⊠â Tout de mĂȘme⊠un nabab commanditaire nâeĂ»t-il pu vous fournir les moyens de poursuivre vos recherches jusquâau point oĂč il vous serait devenu possible dâen tirer un profit commercial ? â Jâai trouvĂ© ce nabab, me dit M. Baron. M. X⊠me proposa de monter pour moi une usine en Angleterre. II devait mâenvoyer un ingĂ©nieur â un ingĂ©nieur anglais de tout repos â auquel jâexposerais sans restrictions mes rĂ©sultats. Vous comprenez il sâagissait de dĂ©voiler tous mes secrets. Mais il Ă©tait juste dâoffrir Ă M. X⊠toutes certitudes scientifiques. Donc, un jour, on vint me prĂ©venir, dans les ateliers de mon usine dâAsniĂšres, quâun monsieur, envoyĂ© par M. XâŠ, mâattendait au salon. Je pensai Ă lâingĂ©nieur anglais. Quelle stupĂ©faction de reconnaĂźtre â en mon visiteur â un de mes concurrents ! Par chance, je lâavais vu, Ă une rĂ©union. Mais⊠mais⊠mâĂ©criai-je⊠vous ĂȘtes M. ZâŠ? » Il bredouilla une explication. Sur ces entrefaites arriva M. X⊠â mon nabab ! â qui crut que jâavais donnĂ© dans le piĂšge. Je les mis tous deux Ă la porte. Je lâavais Ă©chappĂ© belle ! Pour Vous du 14 avril 1931 â Il paraĂźt que lâon vous doit une quantitĂ© dâautres inventions? â Quelques-unes, en effet, rĂ©pond avec un sourire mon interlocuteur. Et, ses mains dâaveugle ayant atteint des feuilles dactylographiĂ©es, il les pousse vers moi. â Tenez ! voici une petite liste ! Et je parcours cet alignement de brevets ! Ce magazine suffirait juste Ă lâĂ©numĂ©ration ! Appareils pour les techniciens⊠appareils dâusage courant comme la machine Ă trancher, peser et marquer automatiquement le poids et le prix de chaque produit dĂ©coupĂ© en tranches variables suivant lâĂ©paisseur demandĂ©e⊠Auguste Baron a quasi tout inventĂ© ! Rien que pendant la pĂ©riode de guerre, il a pris soixantequatre brevets⊠et les dieux du carnage seuls savent combien nous sommes redevables Ă son lance-projectile pour obus, par exemple⊠Mon regard tombe sur la boutonniĂšre du vieux savant aveugle. Il a la rosette de lâInstruction publique. Il nâa pas la lĂ©gion dâhonneur ! â Je suis proposĂ© depuis 1900, me dit-il doucement. Jean Portail * Auguste BARON avait inventĂ© en 1897 le cinĂ©ma parlant IL VIENT DE MOURIR AVEUGLE ET PAUVRE paru dans Paris-Soir du 05 juin 1938 Paris-Soir du 05 juin 1938 RuinĂ© par ses inventions, il vivait retirĂ© Ă Neuilly et pour lui permettre de continuer ses recherches, sa femme donna longtemps des leçons de piano. Auguste Baron, lâinventeur du cinĂ©ma parlant, vient de mourir. Le savant a rendu le dernier soupir dans la trĂšs modeste chambre de lâInstitut Galignani, Ă Neuilly, oĂč il vivait depuis dix ans, dâune demi-charitĂ©. Il venait dâentrer dans sa 83e annĂ©e, et sa compagne, presque aussi ĂągĂ©e que lui, sa fille, lâentourĂšrent de soins affectueux jusquâĂ sa derniĂšre minute. Mais si dure avait Ă©tĂ© la vie de lâinventeur, si affreuses ses derniĂšres dĂ©convenues, que les efforts des deux femmes eurent peine Ă adoucir lâamertume de ses derniers jours. Le graphophonoscope Câest le 3 avril 1896 quâAuguste Baron prenait un premier brevet concernant une prise de vue et une prise de son simultanĂ©es. Il avait créé les appareils de toutes piĂšces. Il gardait prĂ©cieusement le secret de ses cylindres de cire vierge, oĂč il inscrivait les sons et qui se dĂ©roulaient en mĂȘme temps que le film. Il espĂ©rait industrialiser sa dĂ©couverte qui, dĂšs les premiĂšres prĂ©sentations, eut un succĂšs considĂ©rable. Il avait nommĂ© son invention le graphophonoscope. Le professeur Marey, de lâInstitut, fut le premier Ă sâĂ©merveiller lorsquâAuguste Baron lui prĂ©senta Le Songe dâAthalie » oĂč brillait lâacteur Lagrange. Les recherches avaient coĂ»tĂ© francs dâavant guerre. Mais les rĂ©sultats, par un de ces tours de passe-passe frĂ©quents dans la vie des inventeurs, furent, pour Auguste Baron, dĂ©sastreux. Si lâindustrie sâempara de son invention, lui ne toucha jamais un franc de bĂ©nĂ©fice. La photographie aĂ©rienne automatique Cependant, la passion de la science lâemportait Ă tel point que le savant continua ses recherches. Il avait rencontrĂ© une admirable compagne, qui lâaidait de toutes ses forces, sâassociant mĂȘme Ă ses travaux. Il trouva diverses applications mĂ©caniques et optiques, pendant la guerre, il risqua maintes fois sa vie pour mettre au point le multirama » un appareil photographique qui, placĂ© Ă bord dâun avion, prend les reliefs dâun terrain par une suite de clichĂ©s. Il inventa le graphorama, ou appareil photographique automatique aĂ©rien qui peut reproduire sans changer de pellicule jusquâĂ 100 kilomĂštres de terrain. Enfin, un appareil de son invention, placĂ© au centre de la Concorde put prendre sur une seule photo une vue circulaire de la place. Auguste Baron avait travaillĂ© de tout son cĆur, dĂ©pensant sa patience et ses forces. Lorsque la guerre fut terminĂ©e, il demanda, bien timidement, si lâon ne pourrait pas rĂ©munĂ©rer ses services. Vous avez eu lâhonneur de servir le pays », lui fut-il rĂ©pondu. Et Auguste Baron nâinsista pas, il se retira sous sa tente, pauvre, les yeux usĂ©s par les lumiĂšres expĂ©rimentales. Il nâavait mĂȘme pas pu obtenir, alors quâil grimpait dans les zincs » de la guerre pour mettre au point ses appareils, que sa femme et ses enfants fussent assurĂ©s de lâavenir en cas dâaccident. Paris-Soir du 05 juin 1938 Aveugle ! En 1920, le malheureux savant est las de lutter. Le labeur incessant, la lumiĂšre primitive des studios affaiblissent sa vue. Et puis son moral est atteint tout un drame encore difficile Ă Ă©voquer se noue autour de ses inventions, que lâon copie, que lâon exploite. Il a enfantĂ©, dâautres rĂ©alisent sans aucun profit pour lui. Il rĂ©clame, proteste, mais il est ruinĂ© ; il lui faudrait entamer des procĂšs, mais il nâa pas dâargent. A la fin de lâannĂ©e, Auguste Baron commence Ă ne plus voir ; bientĂŽt il est complĂštement aveugle. Finis les travaux, les recherches ; lâusine, le laboratoire doivent fermer leurs portes. Lâargent des inventions qui servait Ă payer les Ă©tudes dâune autre idĂ©e ne rentre plus. Câest la gĂȘne qui devient vite voisine de la misĂšre. Il faut abandonner la vie indĂ©pendante, la maison de retraite pour vieux savants de Neuilly, Ćuvre philanthropique, lui ouvre grandes ses portes. LâAcadĂ©mie des Sciences accorde Ă Auguste Baron la pension la plus forte francs par an. Il a vĂ©cu dans ce coin paisible de Neuilly jusquâau 1er juin 1938. Sa femme donna longtemps des leçons de piano pour apporter quelques douceurs Ă lâhomme qui terminait sa vie dans les tĂ©nĂšbres. Gloire tardive Documents en main, il y a 7 ans, persuadĂ© de servir une cause juste, jâai dĂ©clenchĂ©, aidĂ© de M. Maurice dâOccagne et de Jean-JosĂ© Frappa, une campagne de presse pour rendre Ă Baron la place qui lui revenait dans la crĂ©ation du cinĂ©ma parlant. Hommages tardifs, M. Mario Roustan, alors ministre de lâInstruction publique, fit dĂ©cerner la LĂ©gion dâhonneur au vieux savant de 77 ans. Des fĂȘtes furent organisĂ©es et le roi des Belges lui accorda la croix de LĂ©opold. La figure aux yeux vides de lâinventeur rayonnait dâun beau sourire retrouvĂ©. On ouvrit une souscription en son honneur. On recueillit francs⊠Et M et Mme Baron durent demeurer Ă lâInstitut Galignani de Neuilly. Ce regain dâactualitĂ© avait donnĂ© un coup de fouet au courage du vieil inventeur ; la reconnaissance un peu tardive du monde avait provoquĂ© un vif rĂ©veil de son esprit. Il voulut inventer Ă nouveau, bien quâil fĂ»t aveugle. Sa fille, Mme Gaudin, sous sa dictĂ©e, traça des plans, clarifia les explications de son pĂšre ; Baron tenta de crĂ©er un appareil pour prendre directement les films en relief quâil projetait sans le secours dâaucune lunette intermĂ©diaire. Mourir pour la science Les pauvres billets de mille recueillis devaient servir, comme me disait Mme Baron pour assurer notre derniĂšre demeure ». La passion de lâinventeur reprit le dessus ; lâargent, de la souscription fut englouti pour prendre Ă nouveau des brevets pour construire lâappareil qui devait ĂȘtre le couronnement de sa vie. HĂ©las, il ne voyait plus, les dĂ©tails lui Ă©chappaient ; il ne trouva pas le technicien qui aurait pu remplacer sa vue. Il sâĂ©nerva, les idĂ©es sombres envahirent Ă nouveau son cerveau et le calvaire du savant incompris reprit. Il est mort sans avoir pu mettre la main dĂ©finitive Ă cette invention Ă laquelle il donna ses derniĂšres forces. Il est mort de la science, comme il a vĂ©cu pour elle. Pierre Fontaine * Auguste Baron, prĂ©curseur du film parlant, est mort paru dans Le Figaro du 4 juin 1938 paru dans Le Figaro du 4 juin 1938 AprĂšs Emile Cohl, inventeur du dessin animĂ©, aprĂšs Georges MeliĂšs, fondateur de lâindustrie et du spectacle cinĂ©matographiques, voici que disparaĂźt Auguste Baron prĂ©curseur incontestĂ© du cinĂ©ma parlant. Câest Ă Neuilly, dans une maison de retraite gĂ©rĂ©e par lâAssistance publique, oĂč sa vaillante compagne, ĂągĂ©e elle-mĂȘme de soixante-quinze ans, venait le voir chaque jour, que sâest Ă©teint le grand savant. Il sây trouvait hospitalisĂ© depuis 1935, aprĂšs avoir Ă©tĂ© terrassĂ© par une congestion cĂ©rĂ©brale qui lâavait rendu aveugle et paralysĂ©. Il avait conservĂ© toute sa luciditĂ©, mais seul son esprit continuait Ă vivre. Fils dâun professeur de phrenologie, Auguste Baron sâest attachĂ©, il y a plus de quarante ans, peu de temps aprĂšs lâinvention du cinĂ©ma, Ă lâĂ©tude dâun appareil dit graphonoscope », qui nâest autre que lâancĂȘtre du cinĂ©ma parlant actuel. Mais le septiĂšme art nâest pas le seul domaine qui lui soit redevable de son perfectionnement technique. La marine, lâaviation, lâarmĂ©e en gĂ©nĂ©ral, furent dotĂ©es par Auguste Baron de maints et prĂ©cieux appareils photographiques ou autres. Comme tous les savants, il eut Ă lutter pour mener Ă bien son Ćuvre. Comme dâautres, il fut pillĂ© et comme dâautres aussi, il vit ses inventions profiter Ă ceux qui les industrialisaient, tandis quâil demeurait lâhumble et infatigable chercheur. Auguste Baron meurt Ă quatre-vingt-deux ans, lĂ©guant Ă sa veuve, dont le dĂ©vouement ne sâest jamais relĂąchĂ©, des parchemins qui attestent quâil fut lâun des piliers du magistral Ă©difice cinĂ©matographique, un nom qui restera peut-ĂȘtre ignorĂ© des millions de spectateurs de lâĂ©cran, et, dans un Ă©crin, une croix de la LĂ©gion dâhonneur. Julien-J. London paru dans Le Figaro du 4 juin 1938 Auguste Baron, le 3 avril 1896, inventait le graphonoscope ». LE CINEMA PARLANT paru dans Le Petit Journal du 21 juin 1938 paru dans Le Petit Journal du 21 juin 1938 Dans ce bureau encombrĂ© de plans et photos dâappareils radiologiques, lâingĂ©nieur Camille Baron me tend quatre feuillets dactylographiques qui portent comme titre TRAVAUX DE LâINGENIEUR AUGUSTE BARON, CHEVALIER DE LA LEGION DâHONNEUR, CHEVALIER DE LâORDRE DE LEOPOLD 1er. » Une centaine dâinventions des plus diverses, les unes brevetĂ©es, les autres brevetĂ©es et exposĂ©es au Conservatoire des Arts et MĂ©tiers, figurent sur ces quatre petites feuilles de papier lĂ©ger qui relatent lâaventure, lâeffort et la puissance imaginative dâun grand savant qui a sacrifiĂ© son bien-ĂȘtre et sa vie Ă la science. Câest Auguste Baron, lâinventeur du cinĂ©ma parlant⊠â Mon pĂšre est mort il y a quelques jours, Ă lâInstitut Galiniani, Ă Neuilly, une maison de retraite pour vieillards, oĂč lâavaient fait entrer M. Louis LumiĂšre et la SociĂ©tĂ© Amis de la Science. AprĂšs soixante annĂ©es de lutte, il est mort lĂ , 84 ans, aveugle, pauvre, tragiquement blessĂ© par lâincomprĂ©hension et la mauvaise volontĂ© des hommes. Chasseur dâAfrique et cinĂ©aste ! â A la fin du siĂšcle dernier, lâidĂ©e du cinĂ©ma Ă©tait dans lâair », Mon pĂšre, Ă©lĂšve aux Arts et MĂ©tiers dâAngers, nâayant pu continuer ses Ă©tudes pour des raisons de famille, sâengage Ă 19 ans, en 1872, dans les chasseurs dâAfrique, pour cinq ans. Son service terminĂ©, il vient Ă Paris, sâadonne Ă la musique et, pour gagner sa vie, devint dessinateur-graveur. Câest lâĂ©poque oĂč la photogravure fait son apparition ; il sâen occupe. Câest lâĂ©poque oĂč Etienne-Jules Marey, professeur au CollĂšge de France, obtient un grand succĂšs avec son Ă©tude sur le Mouvement et ses images mouvantes, obtenues grĂące Ă une boite munie de fentes ». Câest le fusil » photographique avec lequel Marey photographie les bonds des biches. » Mon pĂšre connait les travaux de Marey et aprĂšs une longue conversation avec un ami, Auguste Baron se demande tout Ă coup Pourquoi ne travaillerais-je pas cette question des images mouvantes ? » » Ainsi, par un enchaĂźnement logique, lâancien Ă©lĂšve des Arts et MĂ©tiers dâAngers, lâancien chasseur dâAfrique se lance Ă corps perdu dans le cinĂ©ma. » Mais il ignore si dâautres se sont attaquĂ©s aux mĂȘmes recherches, et, les premiers, les frĂšres LumiĂšre dĂ©posent le brevet français du cinĂ©ma muet. DĂ©jĂ , on projette de courtes bandes dans la cave du Grand CafĂ©, sur les Boulevards. La lumiĂšre et le son » Cependant, Edison vient dâinventer son phonographe Ă rouleau. AprĂšs une nouvelle conversation et discussion avec un ami, Auguste Baron pense aussitĂŽt Ă la jonction lumiĂšre et son. Il commence ses recherches, et bientĂŽt, le 3 avril 1896 exactement, il prend le premier brevet sur le GRAPHONOSCOPE, synchronisme entre le son et le mouvement. » Auguste Baron rĂ©alise cette invention Ă lâaide de la cellule photoĂ©lectrique dĂ©jĂ dĂ©couverte ; » En 1898 enfin, Baron prend le brevet dĂ©finitif, allemand et amĂ©ricain, qui protĂšge son importante dĂ©couverte. â Et le cinĂ©ma parlant nâest apparu que trente ans aprĂšs ? â Parce que les brevets allemand et amĂ©ricain couvraient le graphonoscope pendant 20 ans, au bout desquels, dâailleurs, mon pĂšre a fait renouveler les brevets pour dix ans. Mais il Ă©tait trop pauvre pour les renouveler une seconde fois, et Ă la date exacte de lâexpiration des brevets, le cinĂ©ma parlant fait son entrĂ©e dans le monde. » » NĂ©anmoins, Auguste Baron, poursuit ses travaux sur le cinĂ©ma jusquâen 1900. Dans les annĂ©es 1904 -1905, il installe mĂȘme un cinĂ©ma dans une des salles du Petit Journal. En 1905, il Ă©quipe encore un camion sonore brevet anglais pour cinĂ© et publicitĂ© » Ă la campagne. La voiture effectue des tournĂ©es, puis disparaĂźt⊠Raison finances ! Elles, toujours elles, qui harcĂšlent cet homme de laboratoire quâĂ©tait Auguste Baron. homme de laboratoire â Quelle fut la rĂ©action de votre pĂšre, lors de lâavĂšnement du film parlant ? â Il Ă©tait Ă moitiĂ© aveugle, les yeux brĂ»lĂ©s par les lampes Ă arc et les lampes radio-electriques. Il avança sa main devant ses yeux mourants comme pour les protĂ©ger Ăa y est, dit-il, ils ont utilisĂ© mes travaux. » Et il nâen parla plus jamais. â votre pĂšre nâĂ©tait soutenu par personne ? â Au temps de ses recherches, les instituts, les laboratoires officiels Ă©taient encore en majeure partie, Ă crĂ©er, et les chercheurs nâavaient le loisir que de travailler Ă leurs frais. » Un premier commanditaire, un petit hĂ©ritage et la dot de ma mĂšre permettent Ă Auguste Baron dâinventer le graphonoscope. Un deuxiĂšme commanditaire subvient aux frais des brevets. Câest tout. âPour moi, une chose inventĂ©e est finieâ avait coutume de dire Baron. » NĂ©anmoins, dĂ©sireux dâassurer lâavenir de sa compagne et de ses deux enfants, le savant se laissait Ă nouveau entraĂźner dans des Ă©chafaudages commerciaux qui tous, tour Ă tour, sâĂ©croulĂšrent. â Le graphonoscope est son invention la plus importante ? Servir le pays â Oui, Ă©coeurĂ© par le cinĂ©ma, mon pĂšre se tourna vers lâaviation. Câest lâĂ©poque des frĂšres Wright. Baron rĂ©alise toute une sĂ©rie de perfectionnements et dâinventions dans ce domaine aero-cinema, planeur, appareil indiquant automatiquement le sens de direction de lâavion 1910, etc. » Puis, câest la guerre. Baron se dĂ©voue corps et Ăąme Ă la France. » SexagĂ©naire, il nâhĂ©site pas Ă grimper dans les avions pour mettre au point sa nouvelle invention, le âmultiramaâ, un appareil photographique, qui, placĂ© Ă bord dâun avion, prend les reliefs dâun terrain, par une suite de clichĂ©s, sans dĂ©formation. Puis, le âgraphoramaâ, encore un appareil photographique, mais automatique, qui permettait de photographier des bandes de terrain dâune longueur approchant les 100 kilomĂštres. Plus besoin de photographe Ă bord. Le pilote dĂ©clenchait lâappareil et se contentait de voler en direction. » A la mĂȘme Ă©poque, Auguste Baron trouve un systĂšme permettant de photographier selon un angle de 360 degrĂ©s, câest-Ă -dire rĂ©alisant la prise de vue circulaire. Un tel appareil, placĂ© sur la colonne VendĂŽme, photographierait toute la place, en une seule opĂ©ration. » Nâayant pas dâargent, ces inventions nâentrĂšrent jamais dans le commerce. AprĂšs la guerre, Auguste Baron sâadressa aux pouvoirs publics, demandant une aide pour les services rendus. Vous ayez eu lâhonneur de servir le pays », lui fut-il rĂ©pondu. Et Baron avait perfectionnĂ© les armes automatiques, trouvĂ© la mitrailleuse Ă canons multiples, un appareil de visĂ©e pour avions, etc., etc. paru dans Le Petit Journal du 21 juin 1938 Mais Auguste Baron a trop luttĂ©. Il a donnĂ© trop de ses forces aux autres. En 1922, sa vue commence Ă dĂ©croĂźtre. Ses yeux sont brĂ»lĂ©s par les lampes violentes du laboratoire. Lâinventeur prend peur. Il craint pour son travail, pour sa famille. Il est las. Il a perdu sa belle confiance dans lâhumanitĂ©. LâannĂ©e suivante, il est terrassĂ© par une attaque dâapoplexie. Madame Baron, Ă peine moins ĂągĂ©e que lui, subvient alors aux frais du mĂ©nage. Lâadmirable et dĂ©vouĂ© compagne du savant donnera des leçons de piano jusquâen 1935. Câest elle qui fait vire la famille. Auguste Baron est maintenant Ă moitiĂ© aveugle et ne voit plus que la diffĂ©rence entre le jour et la nuit. Il souffre moralement, atrocement. Plus jamais il ne prononce les mots de ârecherche, inventionâ. Je ne vois plus » En 1929, il entre Ă la maison de retraite pour services rendus Ă la science. Enfin, on veut bien le reconnaitre ! LâInventeur du cinĂ©ma parlant est maintenant ĂągĂ© de 77 ans. Des amis font une campagne de presse en sa faveur, et ce nâest quâen 1931 que ce grand Français est dĂ©corĂ© de la LĂ©gion dâhonneur et de lâOrdre de LĂ©opold 1er. Bruxelles le fĂȘte comme il nâa jamais Ă©tĂ© fĂȘtĂ© en France. Cette distinction Ă©claire sa vieillesse⊠Auguste Baron a retrouvĂ© son beau courage. Encore une fois, il se met au travail, reprend une idĂ©e qui lui est chĂšre le cinĂ©ma en relief, visible Ă lâĆil nu, sans ces accessoires dont on munit les spectateurs du relief, les lunettes. Il raconte ses idĂ©es Ă son fils et Ă sa fille, Mme Gaudin. Mme Gaudin dessine inlassablement, sous la direction de son pĂšre. Mais lui, le grand aveugle, ne peut plus voir les plans qui sâĂ©laborent, ne peut plus rectifier une erreur de tracĂ©. DĂ©sespĂ©rĂ©, il abandonne. Je ne vois plus », dit-il, pour exprimer sa douleur. Le projet reste Ă lâĂ©tat embryonnaire. Quelques mois plus tard, Auguste Baron, lâInventeur du cinĂ©ma parlant, lâhomme dont une grande partie des Ćuvres est exposĂ©e au Conservatoire des Arts et MĂ©tiers, le constructeur dâune centaine dâappareils inĂ©dits, est mort du sacrifice quâil avait fait Ă la science, Ă son idĂ©al. â Mon pĂšre est mort comme Forest, me dit lâIngĂ©nieur Camille Baron, son fils. Comme Forest, lâinventeur du moteur Ă explosion, il est mort dans le plus complet dĂ©nouement. » Hugues Nonn Auguste Baron, prĂ©curseur du film parlant paru dans Le Figaro du 26 novembre 1937 paru dans Le Figaro du 26 novembre 1937 Brevet 3 avril 1896 Auguste Baron et Bruneau â SystĂšme dâappareil servant, Ă enregistrer et Ă reproduire, simultanĂ©ment les scĂšnes animĂ©es et les sons. » Brevet 4 avril 1898 Auguste Baron SystĂšme dâappareil perfectionnĂ© pour enregistrer et reproduire simultanĂ©ment les scĂšnes animĂ©es et les sons qui les accompagnent. » Brevet 16 novembre 1899 Auguste Baron SystĂšme dâappareil pour projections panoramiques circulaires animĂ©es en couleurs et parlantes, dit âcinĂ©matorama parlantâ. Neuilly, boulevard Bineau. La Maison de retraite Galignani, administrĂ©e par lâAssistance publique, dernier refuge dâartistes, de poĂštes, dâinventeurs et dâun grand savant Auguste Baron, le plus mĂ©connu, le plus oubliĂ© peut-ĂȘtre de tous les pionniers du cinĂ©ma. ComplĂštement aveugle, Ă demi-sourd, impotent, Baron a 82 ans. Mais est-il aveu plus pĂ©nible que celui dâune Ă©pouse admirable Mon mari est mort en 1935, dâune congestion cĂ©rĂ©brale. » Quoi de plus Ă©mouvant, sinon ces yeux qui vivent encore, qui vous fixent irrĂ©sistiblement, implacablement, et qui ne voient plus. Lâhistoire du cinĂ©ma devient lâhistoire de la dĂ©tresse humaine. Cohl dans un asile, MĂ©liĂšs Ă Orly, MĂ©liĂšs, gravement malade depuis quelques jours et contre lequel on veut commettre un geste inqualifiable, en rĂ©duisant Ă cinq cents francs une mensualitĂ© avec laquelle trois ĂȘtres doivent vivre et se nourrir, tant de misĂšre, tant dâingratitude ne suffisaient pas, voici maintenant Auguste Baron. Fils dâun professeur de phrĂ©nologie au MusĂ©um, dont les disciples furent Chevreul et Charcot, Auguste Baron vit ses Ă©tudes interrompues par la guerre de 1870 et obtint de son pĂšre qui lui rĂ©vĂ©la la photographie lâautorisation de sâengager au premier rĂ©giment de chasseurs dâAfrique. Et dĂ©jĂ lâadversitĂ©, il ne revient que pour voir mourir son pĂšre et trouver les collections, la bibliothĂšque, les travaux de celui-ci dispersĂ©s. Lâinventeur se rĂ©vĂšle avec les annĂ©es. Il installe un laboratoire dans son pavillon de Courbevoie, Ă©tudie les propriĂ©tĂ©s, rĂ©cemment dĂ©couvertes, du sĂ©lĂ©nium, met au point le procĂ©dĂ© photographique au collodion, est chargĂ© de lâinstallation Ă©lectrique au Casino de Paris, des premiers kinetoscopes dâEdison. Alors naĂźt dans son esprit lâidĂ©e dâun appareil quâil baptise graphonoscope, capable de projeter devant toute une salle, sur un Ă©cran visible de chacun des spectateurs, des scĂšnes animĂ©es accompagnĂ©es de sons, paroles, bruits, etc., avec entre eux un synchronisme absolu, de façon Ă obtenir une reprĂ©sentation fidĂšle de la vie. Il voit le professeur Marey, de lâInstitut, initiateur de la photographie du mouvement, qui ne lui cache pas les difficultĂ©s Ă vaincre. Quâimporte Baron tient le pari. â Câest ainsi, nous dit-il, que jâinstallai, Ă AsniĂšres, une usine spĂ©cialement Ă©quipĂ©e oĂč, pendant sept ans, je travaillai Ă la rĂ©ussite du problĂšme du synchronisme. Je me procurai, en Angleterre, auprĂšs de la maison Blair, les bandes pelliculaires nĂ©gatives dâune longueur de 100 ou 200 mĂštres que la France ne fabriquait pas encore. Entre temps, comme la lumiĂšre Ă©lectrique nâexistait pas en banlieue, je perfectionnai, pour mes propres besoins, lâĂ©clairage Ă lâacĂ©tylĂšne. Je prends mon premier brevet en 1896, le perfectionne deux ans plus tard et, aprĂšs avoir vu Ă©chouer les conversations engagĂ©es avec Dufayel pour lâexploitation commerciale de mes procĂ©dĂ©s Ă la veille de lâExposition, je prĂ©sente le rĂ©sultat de mes efforts devant Marey et de nombreuses personnalitĂ©s scientifiques. Le programme comprenait plusieurs films Mme Baron commentant le film parlant cent pour cent, Lagrange, des Théùtres Parisiens, dans Le Songe dâAthalie, film parlant 100 pour cent ; Guillier, piston-solo de Lamoureux, dans un air variĂ©, film sonore musical ; Mlle Duval, danseuse Ă©toile de la GaĂźtĂ©-Lyrique, dans une de ses variations ; Mlle Robin et M. FĂ©rouelle, de lâOpĂ©ra ; Ouvrard pĂšre, enfin, en pantalon rouge. Chaque audition durait dix minutes environ. Lorsque je voulus rendre mon invention exploitable, je me heurtai Ă des difficultĂ©s insurmontables pour lâĂ©poque. En effet, mon phono ne pouvait employer que des rouleaux de cire vierge de 30 cm de diamĂštre et dâune longueur double, dont il Ă©tait impossible de tirer des duplicata, ce qui forçait Ă recommencer entiĂšrement film et inscription. DĂšs lors, je renonçai pour me consacrer Ă la direction dâune usine de films muets. â Quel Ă©tait exactement votre procĂ©dĂ© ? Il se composait de deux parties bien distinctes un cinĂ©matographe enregistreur et reproducteur du mouvement, et un phonographe enregistreur et reproducteur des sons rĂ©unis par un moteur Ă courant continu de mon invention qui les rendait solidaires et synchrones. Il y a de cela prĂšs de quarante ans ! Le gĂ©nie inventif de Baron devait continuer Ă faire merveille. Tour Ă tour naissent, en 1910, lâanĂ©mo-boussole, appareil de direction Ă bord des avions, en 1911, le graphorama », pour la photographie automatique aĂ©rienne Ă bande pelliculaire de longueur indĂ©terminĂ©e, en 1912, le multirama », qui rendit de prĂ©cieux services pendant la guerre. En 1917, il invente le revolver de poitrine ». Celui-ci est volĂ© dans des conditions restĂ©es jusquâici mystĂ©rieuses, en dĂ©pit des recherches. Quâil nous suffise de dire que lâon devait en trouver plusieurs modĂšles sur des cadavres allemands au Chemin des Dames. En 1930, aveugle, se consacrant nĂ©anmoins Ă lâĂ©tude du cinĂ©ma en relief, Baron entre Ă la Maison Galignani. Il reçoit, lâannĂ©e suivante, la croix de la LĂ©gion dâhonneur. Cette croix fut plus quâune rĂ©compense elle marque la date Ă laquelle Auguste Baron, prĂ©curseur du film parlant, disparut du nombre des vivants. AndrĂ© Robert * Une rĂ©volution au cinĂ©ma ? Lâinventeur du cinĂ©ma parlĂ©, M, Auguste Baron, aveugle et ĂągĂ© de 78 ans, a-t-il trouvĂ© le cinĂ©ma en relief ? paru dans lâIntransigeant du 12 octobre 1933 paru dans lâIntransigeant du 12 octobre 1933 Telle est la nouvelle qui va, parait-il, tout comme la venue du cinĂ©ma parlant, bouleverser lâindustrie cinĂ©matographique. Cette recherche, sur laquelle se penchent depuis bien longtemps des savants sans y trouver de solution pratique, est dĂ©sormais brevetĂ©e au nom du vieil inventeur, aveugle et ĂągĂ© de 78 ans. Tout comme le cinĂ©ma muet de LumiĂšre, tout comme le cinĂ©ma parlant de Baron, câest une nouvelle invention française qui pourrait donner un autre aspect Ă lâindustrie du film ; on en verra une rĂ©alisation prochaine. Cette trouvaille, qui couronnera, la carriĂšre du vieil inventeur, est presque une rĂ©alisation dramatique. Songez un peu ; un inventeur aveugle a pu rĂ©aliser, malgrĂ© sa terrible infirmitĂ©, un chef dâĆuvre de prĂ©cision⊠justement relatif Ă la vue ! Auguste Baron, inconnu du public, fut rĂ©vĂ©lĂ© pour la premiĂšre fois par lâIntransigeant il nâest pas inutile dâen rappeler les circonstances pour comprendre comment lâinvention du film en relief fut rĂ©alisĂ©e. Au hasard dâune enquĂȘte, jâappris lâexistence de lâinventeur, ruinĂ© par ses inventions, ĂągĂ©, recueilli par la maison Galignani pour savants pauvres Ă Neuilly. Il me fit voir ses brevets, son fameux parchemin amĂ©ricain datant de 1896 ; il nây avait pas de doute, jâĂ©tais, en face du prĂ©curseur du cinĂ©ma parlant. Ce nâĂ©tait pas un inventeur » comme il en existe beaucoup ; plus de 40 brevets Ă son actif dans tous les domaines scientifiques et industriels dont la photographie automatique panoramique, terrestre et aĂ©rienne et la cinĂ©matographie parlante et sonore nâavaient pas enrichi leur pĂšre », un inventeur nâĂ©tant pas nĂ©cessairement, un commerçant. Lâarticle de lâIntransigeant vint comme une bombe. Les reporters et les photographes de tous pays accoururent Ă Neuilly ; une tardive LĂ©gion dâHonneur lui fut remise par Jean JosĂ© Frappa. Auguste Baron, fĂȘtĂ©, invitĂ©, conduit son admirable Ă©pouse Ă cheveux blancs, reprit goĂ»t au cinĂ©ma pour -lequel il sâĂ©tait ruinĂ© sans aucun profit. En dĂ©cembre dernier, invitĂ© Ă Bruxelles par le ComitĂ© de la Presse cinĂ©matographique belge, beaucoup de gens vinrent lâentretenir des choses de la cinĂ©matographie. Lâun dâentre eux lui expliqua que lâon pourrait photographier en relief grĂące Ă lâemploi de deux clichĂ©s pris Ă une certaine distance, loin de lâautre ; chaque spectateur devait, pour obtenir le relief, regarder lâĂ©cran avec des lunettes Ă verres colorĂ©s. CâĂ©tait peut-ĂȘtre le dixiĂšme inventeur qui venait lâentretenir dâun appareil basĂ© sur la thĂ©orie du stĂ©rĂ©oscope. Devant ce dispositif peu pratique et non commercial, donc non viable, Auguste Baron songea au relief en partant, dâune base diffĂ©rent. Certes, il nâĂ©tait pas le premier qui sâattaquait au problĂšme ; jusquâĂ ce jour, le principe admis Ă©tait le double clichĂ© pris sous des angles diffĂ©rents et lâutilisation par les spectateurs de lunettes, Le dispositif trouvĂ© par lâinventeur est loin de toutes ces thĂ©ories et sâappelle helio-glyptographe » ou plus simplement Glyptographe » ; Il nâemploie quâun seul clichĂ© et rĂ©ussit Ă obtenir, pour la projection cinĂ©matographique ou pour la photographie ordinaire, des Ă©preuves donnant dâune façon scientifique la sensation du relief des personnes et des objets, sans exagĂ©ration suivant la stricte rĂ©alitĂ©, par un procĂ©dĂ© inconnu Ă ce jour. Ce dispositif, brevetĂ© depuis peu de temps â 7 septembre 1933 â aurait un autre avantage ; en plus du relief donnĂ© par lui, il ne nĂ©cessiterait que relativement peu de changement aux appareils de prise de vues cinĂ©matographiques de nâimporte quel constructeur et aucune modification aux machines Ă tirer, Ă dĂ©velopper, Ă la prise de son, etc. Cette invention renouvellera lâart photographique et enlĂšvera aux photographies actuelles lâaspect de planitude quâelles avaient jusquâĂ prĂ©sent. Le cĂŽtĂ© dramatique de lâinvention rĂ©side en la cĂ©citĂ© de lâinventeur. Lorsque lâidĂ©e germa en son cerveau, il se souvint du rĂ©sultat photographique obtenu par son appareil Graphoramaâ brevetĂ© en 1912, et dans lequel il se servait dâun dispositif alors non employĂ©. Son cerveau construisit la machine ; pour la rĂ©aliser, sa fille, ancienne Ă©lĂšve des Arts DĂ©coratifs mais nâayant jamais fait de dessin industriel, lui vint en aide. Travail de patience, mais grĂące Ă une vive comprĂ©hension de âlâaide » et de Mme Baron qui rĂ©digea le mĂ©moire en six semaines, tout Ă©tait au point et brevetĂ©. Les ingĂ©nieurs consultĂ©s furent Ă©merveillĂ©s de cette conception de machine nouvelle et pratique. Le cinĂ©ma et la photographie âplats » auraient vĂ©cu grĂące au gĂ©nie dâun Français qui, aprĂšs le cinĂ©ma parlant, donnait le jour, en France, Ă la solution dâun problĂšme depuis longtemps cherchĂ©. Sans en montrer aucune vanitĂ©, on peut dire qu lâIntransigeant, en tirant de lâoubli lâinventeur, a sa petite part dans le retour Ă lâactivitĂ© cinĂ©matographique dâAuguste Baron, chercheur infatigable, auteur de nombreuses inventions dont plusieurs sont exposĂ©es aux Arts et MĂ©tiers, aveugle et ĂągĂ© de 78 ans. Pierre Fontaine * paru dans Le Petit Journal du 15 octobre 1933 Source / BibliothĂšque nationale de France Sauf Pour Vous BibliothĂšque numĂ©rique de la CinĂ©mathĂšque de Toulouse Pour en savoir plus Sur le blog Plateau hassard, la page concernant Gaumont, le cinĂ©ma parlant et Auguste Baron. Sur le site de la revue 1895 âLe centenaire dâune rencontre Auguste Baron et la synchronisation du son et de lâimage animĂ©eâ
ptqc. srgnq9685n.pages.dev/341srgnq9685n.pages.dev/311srgnq9685n.pages.dev/427srgnq9685n.pages.dev/256srgnq9685n.pages.dev/178srgnq9685n.pages.dev/17srgnq9685n.pages.dev/9srgnq9685n.pages.dev/81
le pÚre c était lucien le fils c était sacha